Sur la voie des ancêtres Regret n «Autrefois, le ramadan était réellement un mois de piété, de réconciliation, de miséricorde et de pardon. Il n'y avait ni inflation ni spéculation…» On se prenait tous en charge, on s'entraidait et on n'oubliait personne. Et figurez-vous, il y avait plus de nécessiteux que maintenant, mais il existait aussi plus de bienfaiteurs, de généreux et de donateurs. Cela ne veut aucunement dire qu'il y avait des nababs comme aujourd'hui. Seulement, la richesse de nos ancêtres résidait, tout simplement, dans leur foi, dans leur grande générosité et dans leur exceptionnel esprit de compassion envers les autres. Les fruits et légumes et autres produits étaient largement abordables et à la portée de tous, contrairement à aujourd'hui où la flambée des prix touche l'ensemble des produits alimentaires de première nécessité, particulièrement durant le mois sacré. «Mais où est le ramadan d'antan», regrettent d'emblée plusieurs personnes âgées que nous avons rencontrées sur la rue principale de la ville de Tadjena, une commune rurale de la wilaya de Chlef. Les habitants de la localité n'oublieront jamais cet horrible massacre perpétré aux douars d'El-Ayachich et Bouhamed qui avait coûté la vie à plus de 60 innocents en décembre 1998. La population, particulièrement durant ce mois de jeûne, ne semble pas satisfaite. Ici, toutes les personnes que nous avons rencontrées, ou presque, tirent à boulets rouges sur l'ensemble des élus locaux. «Rien n'a été fait pour garantir un avenir meilleur à notre progéniture et faire ainsi face à l'incroyable cherté de la vie. Le chômage bat son plein et les problèmes socioprofessionnels restent nombreux, délicats et inquiètent tout le monde. Que sera l'avenir de nos enfants avec cette étonnante hausse des prix, cette marginalisation à tous les niveaux et ce laisser-aller flagrant de la part de nos responsables locaux ?» s'interrogent également d'autres citoyens de Tadjena avant de nous raconter l'ambiance ramadanesque qui règne au sein de leur localité. «Contrairement à certaines villes du pays, les zones rurales comme la nôtre gardent toujours les coutumes et les traditions ramadanesques du passé que nous avions héritées de nos grands-parents et que nous préservons et respectons. Nous ferons de notre mieux pour que cela soit transmis à nos descendants», disent-ils. Après l'adhan du maghreb et la prière collective à la mosquée, un f'tour bien garni attend chacun des habitants. Celui-ci, composé d'une h'rira, d'un ou plusieurs plats de résistance, d'un dessert et de boissons fraîches, doit être obligatoirement entamé par une gorgée de lait frais et quelques dattes. Ici, aucune place pour le pain ordinaire. C'est uniquement le pain traditionnel qui est consommé.