C'est le premier film autobiographique qui montre les horreurs de la guerre à travers le viseur d'un tank. Nourri des douloureux souvenirs de son réalisateur, Samuel Maoz, 47 ans, le film fait vivre intensément le début de la première guerre du Liban en 1982, à travers la meurtrière avancée d'un char israélien. Traumatisé par ces combats, où, jeune soldat de vingt ans, ce natif de Tel-Aviv fut tireur dans un blindé, Maoz a mis 25 ans pour sortir ce film puissant, à rebours de tout héroïsme, qui montre la guerre avec une radicale nouveauté. Dans Lebanon, quatre soldats enfermés dans ce qu'ils ont surnommé le «rhinocéros» de fer, ne voient du Liban que les massacres qu'ils y perpètrent : femme au bord de la démence après la mort de son enfant, vieillard au regard figé par la haine, agonie d'un âne éventré. L'horreur de ces scènes, ajoutées au confinement et à la cruelle absurdité des ordres reçus, fait monter la tension entre les hommes. L'Israélien Samuel Maoz a triomphé, hier, à la cérémonie de clôture de la 66e Mostra de cinéma de Venise avec ce film «écrit avec ses tripes».