Résumé de la 38e partie n Lady Tressilian veut savoir ce que pense Royde de l'éternel triangle qui s'est établi sous son toit... Lady Tressilian changea de sujet. Elle accordait une audience à Thomas Royde. Elle préférait ne recevoir qu'un visiteur à la fois. Cela la fatiguait moins, et elle était capable de concentrer toute son attention sur son interlocuteur. — Vous êtes ici depuis vingt-quatre heures. Que pensez-vous de notre situation ? — Votre situation ? — Ne prenez pas cette mine ahurie. Vous le faites exprès. Vous savez parfaitement à quoi je fais allusion : à l'éternel triangle qui s'est établi sous mon toit. — Il semble y avoir quelques frictions, avança Royde, prudent. La vieille dame sourit, un tantinet sardonique. — Je vous avouerai, Thomas, que je m'amuse énormément. Cela s'est fait contre mon gré - j'ai tout tenté pour l'empêcher. Neville s'est obstiné. Il ne voulait pas démordre de son idée de réunir ces deux-là et il est en train de récolter ce qu'il a semé ! Thomas Royde s'agita un peu dans son fauteuil. — Ça me paraît bizarre ! — Expliquez-vous, aboya lady Tressilian. — Je ne me serais jamais attendu à ça de la part d'un type comme Neville. — Intéressant que vous me disiez cela. Parce que c'est tout à fait ce que je pense moi-même. Cela ne ressemble pas à Neville. Comme la plupart des hommes, il n'a d'ordinaire qu'un souhait : éviter les complications et fuir les embarras. Je me suis toujours dit que l'idée n'était au départ pas de lui - auquel cas, de qui peut-elle bien être ? Elle s'interrompit un instant, puis reprit, un ton plus haut : — Ce ne serait pas Audrey ? — Non. Non, pas Audrey, répondit-il tout de suite. — Et j'ai peine à croire que ça vienne de cette déplorable Kay. À moins qu'elle ne soit actrice de talent. Je vous assure, ces derniers jours, j'en suis presque venue à avoir pitié d'elle. — Vous ne l'aimez guère, hein ? — Non. Je la juge stupide et incapable de se tenir. Mais comme je viens de vous le dire, je commence à avoir pitié d'elle. Elle se débat comme un faucheux dans une lanterne. Elle ne sait plus à quel saint se vouer. Sa mauvaise humeur, ses mauvaises manières, ses colères puériles Tout cela ne peut qu'avoir un effet déplorable sur un homme comme Neville. — A mon avis, observa-t-il calmement, c'est plutôt Audrey qui se trouve dans une position intenable. Lady Tressilian lui lança un coup d'œil acéré. — Vous avez toujours été amoureux d'Audrey, n'est-ce pas, Thomas ? — Je suppose que oui, répondit-il sans se laisser démonter. — Pratiquement depuis votre enfance commune ? Il acquiesça de la tête. — Et puis Neville est arrivé et vous l'a soufflée sous le nez, si j'ose ainsi m'exprimer ?