Constat L?échec du dialogue annonce des lendemains qui déchantent. En Kabylie, tous les indicateurs sont au rouge. Le monde de l?éducation est en ébullition, la situation sécuritaire est des plus précaires, le paysage politique fait à forte dose de tiraillements intra-muros. Il suffit de peu pour que le volcan entre en éruption. A Tizi Ouzou, la grève des enseignants est à son 27e jour et le dénouement n?est assurément pas pour demain. A Béjaïa, des milliers de travailleurs du secteur de l?éducation ont investi hier les rues de la capitale des Hammadites. Le tout sur fond de revendications socioprofessionnelles non encore satisfaites. Sur un autre registre, plus cruel celui-ci, la spirale de l?horreur fait son chemin dans une région où le terrorisme continue de faire des victimes. Lundi dernier, deux bombes avaient explosé à Mazer près de Tizi Ouzou, faisant trois morts et six blessés. Le forfait macabre intervient quelques jours seulement après l?assassinat de six policiers à Boghni et l?attaque terroriste de l?usine de parpaing à Oued Aïssi. Dans cette situation de tension, les deux ailes du mouvement des ârchs tiendront deux conclaves ce week-end pour tenter, chacune de son côté, de «disséquer» la situation politique née juste après l?arrêt brusque des négociations gouvernement- ârchs autour de la plate-forme d?El Kseur, laquelle bute sur l?épineux problème de l?officialisation de tamazight. L?aile dialoguiste emmenée par Abrika se réunira à Bounouh pour peaufiner les mécanismes du rejet de la présidentielle et d?étudier les scénarios proposés afin de réussir le coup d?une forte abstention en Kabylie. A l?opposé, l?aile antidialoguiste dont les principaux animateurs sont proches du RCD, tiendra un conclave à Makouda, visiblement pour une démarche favorable à l?élection. Dans son document de réflexion, cette aile dit «étudier la possibilité d?intégrer les revendications du mouvement dans cette élection» et se met donc à dos Abrika et son équipe qui, eux, avaient déjà brandi la menace de «recourir aux actions de rue» après l?intransigeance du gouvernement Ouyahia de ne pas satisfaire leurs doléances. Tout porte à croire, dès lors, que l?avenir immédiat de la Kabylie amorcera un virage décisif, jeudi et vendredi, au terme de deux conclaves, qui, de toute manière, consacreront la «déchirure» entre les «pro» et les «anti» et ce, au moment où le pouvoir, par la voix de Zerhouni, s?entête «à faire porter le chapeau» aux ârchs, les sommant «à assumer leur entière responsabilité", feignant surtout de ne pas reconnaître toute la détermination des ârchs à ne céder aucune parcelle s?agissant de la plate-forme d?El Kseur. L?attitude jusqu?au-boutiste du pouvoir est d?autant plus inexplicable qu?il est apparent, aujourd?hui, que la Kabylie, dont on dit qu?elle sera prochainement une escale électorale pour Bouteflika, a été depuis longtemps et est toujours un foyer de tension, où la moindre étincelle pourrait allumer un brasier. A quelques semaines d?un scrutin dont le pouvoir et ses appendices veulent faire «un modèle de démocratie dans le monde arabe», la Kabylie retient son souffle et appréhende d?ores et déjà les prémices d?un autre printemps noir, un troisième?