Labeur n La saison estivale ayant pris fin bien avant le mois sacré, les habitants de l'ex-Francis-Garnier reprennent leur mode de vie habituel. Avant d'arriver à Beni-Haoua, nous faisons une halte à la forêt Frina sur le mont de Tacheta Zougagha où il fait frais malgré la chaleur qui règne dans les villes environnantes. Ce qui retient notre attention, ce sont les gens qui font la queue devant la source Aïn S'baâ, jerrycans à la main. «C'est une eau dont tout le monde parle, elle est thérapeutique et est bonne pour les reins», nous avoue Hadj Mohamed qui ne cesse de louer les bienfaits de cette eau. Les gens de la région et même des étrangers viennent pour s'en approvisionner. Tout le long du chemin, les paysans de cette région montagneuse s'adonnent à leurs travaux sans se soucier de quoi que ce soit et travaillent leur terre. Ils ne manquent pas de nous inviter pour partager leur f'tour, notamment Si Aïssa qui insiste longuement. Non loin de là, à Lethnine, des agriculteurs négocient ave des marchands d'El-Abadia avec la bonhomie propre aux montagnards. Cette région berbérophone est connue pour la générosité de ses habitants. Arrivés à Beni Haoua, l'on est subjugué par la mer. Le village paraît plus calme que d'habitude et aucune bousculade n'est constatée. Pourtant, il ne reste que deux heures pour l'adhan. Selon les propos recueillis, le jeûne n'empêche pas les gens de vaquer à leurs occupations, notamment les paysans puisque cette ville est à vocation agricole avant tout. Un calme olympien règne sur la ville, ce qui est surprenant pour un mois de ramadan. «Il n'y a plus que nous, car les estivants ont plié bagage et nous continuons notre train- train de vie quotidien», affirme Ammi Makhlouf. Quelques jeunes marchent le long de la plage alors que d'autres admirent la beauté de la Grande bleue. Chez Henni, qui nous a conviés à sa table, rien d'extraordinaire. Une chorba «frik», du poisson frit et une salade. La seule curiosité ce sont les assiettes en argile contenant cette chorba préparée comme au bon vieux temps. «Nous mangeons ce que nous produisons car c'est meilleur au goût et pour la santé», continue notre bienfaiteur. Il ne manque pas de nous révéler que jadis, les habitants de Beni Haoua descendaient à la plage la nuit du 27e en famille et la fêtaient comme il se devait. «Comme quoi, la famille, c'est sacré et l'on se réunissait pour passer le mois en communauté», conclut-il.