Malice n Djeha attend un moment, puis se met à suivre l'âne. L'homme, qui fait déjà des calculs sur ce qu'il gagnera, ne le voit pas. Si Djeha utilise sa malice pour se sortir de mauvaises passes, il l'utilise aussi pour tromper les gens. Un jour, il cherche quelqu'un à gruger. C'est alors qu'il passe devant un jardin clôturé. Il escalade le mur et découvre un magnifique potager, avec des carrés de cultures bien rangés. Il y a là toutes sortes de légumes et de fruits, plus beaux les uns que les autres. Le propriétaire est là, bêchant, enlevant les mauvaises herbes, arrosant certaines plantes, puis, il se dit satisfait : «voilà du beau travail ! Demain, je vais faire une récolte et j'irai vendre mes légumes au marché !» Djeha, qui n'a justement rien à la maison, voudrait bien quémander quelques légumes mais, appréhendant que le propriétaire ne le renvoie, il songe à préparer un coup. Il descend de la clôture et réfléchit à la façon de rouler le propriétaire. Celui-ci lui est apparu un peu benêt, il n'aura pas de mal à le rouler. Le lendemain, il dit à sa femme : «Aujourd'hui, je vais te rapporter de beaux légumes !» Sa femme le toise avec mépris. — et avec quoi les achèteras-tu ? Tu n'as pas le sou ! Djeha, avec l'index, se donne de petits coups à la tête. — je n'ai pas le sou, mais j'ai l'intelligence ! — tout le monde se méfie de toi, personne ne se laissera rouler ! Djeha lui répond, sur un ton de défi : — c'est ce que nous verrons ! Il sort de chez lui. il se rend directement au jardin de l'homme. Lui aussi s'est levé tôt, et poussant son âne devant lui, il entre dans le potager. — viens, mon âne, nous allons prendre nos plus beaux légumes, les charger sur ton dos et aller les vendre au marché ! Djeha, caché derrière un arbre, le guette. «cueille, cueille, dit-il, tout bas, en ricanant, c'est moi qui en profiterai !» Un peu plus tard, le propriétaire quitte son potager, poussant son âne devant lui. Les chouaris – ou grands paniers pendant de part et d'autres des flancs de la bête – regorgent de fruits frais. De quoi mettre l'eau à la bouche du malicieux Djeha. «hue, hue !», dit l'homme. Il arrivera tôt au marché et il prendra une bonne place. «hue ! hue !» Djeha attend un moment, puis il se met à suivre l'âne. L'homme, qui fait déjà des calculs sur ce qu'il gagnera, ne le voit pas. Djeha avance la main, pour prendre un légume. Il pourra en prendre deux ou trois, et même un peu plus, mais il ne pourra pas tout prendre, sans risquer de se faire attraper. Brusquement, il a une idée. «je vais t'avoir, mon bonhomme !» (à suivre...)