Astuce n Djeha, comme à son habitude, se met à ricaner : cela signifie toujours qu'il va mettre en jeu sa légendaire malice. Un jour Djeha se rend au souk. Il trouve une chèvre très bon marché et l'achète. Il la ramène à la maison. Sa mère se met aussitôt à protester. — qu'allons-nous faire de cette chèvre ? — je vais l'égorger, dit Djeha, nous aurons de la viande à manger ! — et quand nous l'aurons mangé, qu'est-ce que ça te rapportera ? Tu as gâché un argent que nous aurions pu dépenser pour un besoin plus urgent ! Mais Djeha lui dit. — ne t'en fais pas ! Nous mangerons de la viande et je récupérerai mon argent ! j'ai même l'intention de récupérer plus qu'elle ne m'en a coûté ! — comment cela ? Djeha, comme à son habitude, se met à ricaner : cela signifie qu'il va mettre en jeu sa légendaire malice. — contente-toi de nous préparer un bon repas ! Il égorge la chèvre et sa mère prépare un couscous. Djeha, lui, prépare la peau et la fait sécher au soleil. Quelques jours après, il dit à sa mère : — la peau est prête, tu vas aller la vendre au souk. La mère s'écrie. — moi vendre au marché ? Mais c'est un scandale, pour toi et pour moi ! — tu te déguiseras et on ne te reconnaîtra pas ! La mère est sceptique. — on ne me reconnaîtra pas, d'accord, mais ta peau ne m'apportera pas grand-chose ! Et elle ajoute, narquoise : — si c'est par ce moyen que tu comptes récupérer l'argent de la chèvre, tu te trompes, mon garçon, cette peau ne vaut rien ! — et moi, je te dis qu'elle vaut son pesant d'or ! De guerre lasse, la mère accepte d'aller au marché. — d'accord, je vais me ridiculiser, mais je tenterai de la vendre. Djeha acquiesce. — tu te mettras dans un coin et tu crieras : une peau de chèvre à vendre, une peau de chèvre à vendre… — personne ne viendra ! — mais moi, je viendrai, dit Djeha. — toi ? Mais tu n'as rien à faire d'une peau de chèvre ! Djeha est irrité par la naïveté de sa mère, mais il continue à lui expliquer son plan. — tu feras semblant de ne pas me reconnaître. Je te demanderai le prix : tu me diras, on m'a offert dix douros. — une peau vaut autant ! — Ecoute-moi… Tu refuseras, et je ferai monter les enchères… tu ne la vendras qu'à cent douros ! — mon Dieu, une peau à cent douros ! (à suivre...)