Résumé de la 1re partie n Moukarbal reconnaît être un agent de liaison entre le FPLP et les commandos terroristes en Europe... Le commissaire le reconnaît. Il l'a vu à plusieurs reprises en compagnie de Wilfried Bose et a pris quelques photos de lui. Il était chaque fois avec une fille différente. Il a été catalogué comme un dragueur, sans rapport avec les terroristes... Il s'adresse aux policiers — Je peux aller aux toilettes ? On lui fait signe que oui. Il s'en va et revient peu après. Son visage ne trahit toujours pas la moindre émotion... La suite, il l'a racontée plus tard, dans une interview à un journaliste palestinien, avec un détachement et une précision qui font froid dans le dos : «Aux toilettes, je me suis emparé d'un pistolet Tokarev russe 7,62. J'ai tiré sur le Libanais d'abord, sur les policiers ensuite. A chaque fois, dans le nez c'est plus simple, parce que cela provoque une mort immédiate.» Trois corps jonchent maintenant le sol du studio du 9, rue Toullier : ceux de Michel Wahab Moukarbal et des inspecteurs Donati et Dous. Le commissaire Herenz a eu le réflexe de se jeter en avant, ce qui lui vaut de n'être que grièvement blessé. L'agresseur a disparu. Le lendemain, toute la France apprend le drame et va bientôt découvrir un nom, ou plutôt un surnom, qui n'a pas fini de la faire trembler : Carlos. Le ministre de l'Intérieur Michel Poniatowski est immédiatement prévenu et il alerte lui-même le président de la République Valéry Giscard d'Estaing. Des mesures exceptionnelles sont prises : tous les services de la police et de la gendarmerie sont mobilisés, les postes-frontières et les aérodromes sont mis en état d'alerte. Le lendemain, la presse et la télévision publient l'une des photos qui ont été prises lors de la filature et le public découvre avec étonnement ce gros garçon joufflu, qui a l'air de tout sauf d'un tueur impitoyable. La même photo fait le tour du monde, car l'affaire prend, dès le début, une dimension internationale. Pour l'instant, on n'a encore aucun nom à mettre sur ce visage. Le commissaire Herenz, qui a été hospitalisé à Cochin, peut, malgré son état, raconter les circonstances du triple meurtre, ne donnant pas de précision supplémentaire sur son auteur. Les jeunes gens présents dans le studio de la rue Toullier sont tous interpellés et interrogés sans relâche au siège de la DST, rue des Saussaies. Ils donnent tous le même nom : Carlos. Malgré les questions, ils ne peuvent en dire davantage. Tous répètent la même chose : — Il ne nous a jamais dit son nom. Il nous a dit de l'appeler Carlos, c'est tout. — Qu'est-ce qu'il fait ? Il est étudiant ? — Je ne sais pas... — Quelle est sa nationalité ? Est-ce qu'il vous l'a dit ? — Il n'est pas français : il a un accent. Il parle espagnol, anglais et arabe. Il doit être sud-américain... Au fil des interrogatoires, il s'avère que les jeunes gens présents au moment du triple meurtre n'appartiennent à aucun mouvement terroriste. L'enquête apprend au même moment que Moukarbal était un personnage beaucoup plus important qu'on ne l'avait cru. C'était un rouage essentiel de la Lutte armée arabe. Un communiqué publié à Beyrouth précise les objectifs de ce mouvement : «La Lutte armée arabe opère clandestinement, dans le cadre des organisations internationales, dans le but de frapper les objectifs sionistes et impérialistes à l'intérieur des territoires arabes et dans toutes les parties du monde.» Par-delà la rhétorique d'usage, tout cela est terriblement inquiétant : il s'agit bien d'un mouvement mondial et le danger peut survenir partout. (à suivre...)