Déplorable n D'après les spécialistes qui sont intervenus, hier, lors de la Journée de formation coïncidant avec la Journée mondiale de lutte contre la rage tenue à Alger, notre pays continue d'enregistrer annuellement une moyenne de 20 cas de décès dus à cette maladie. Pour l'année en cours, on déplore déjà 12 décès, et en 2008, 25 décès, «ce qui est vraiment regrettable», a affirmé le docteur Benhabyles Nadjia, de l'Institut national de la santé publique (Insp). Kamel Aït Oubelli, épidémiologiste à la direction de la prévention, au ministère de la Santé, estime que même si un programme national de lutte est en vigueur depuis plusieurs années, la rage demeure l'une des zoonoses dominantes en Algérie, pour plusieurs raisons, dont l'inconscience et parfois l'insouciance des gens, ainsi que le manque de communication et de sensibilisation. Le même spécialiste indique que la rage humaine est toujours provoquée par la rage animale, surtout par les chiens et les chats. Bien que tous les animaux puissent être à l'origine d'une rage humaine, il reste que 99% des cas sont transmis par le chien. Dans notre pays, ce sont 100 000 morsures qui sont enregistrées annuellement. «Enregistrer un cas de décès par cette maladie est déjà un échec dans notre pays», indiquent certains intervenants. «L'objectif est aujourd'hui d'éradiquer définitivement cette maladie et d'atteindre 0 cas», déclarent unanimement les spécialistes. Car il faut bien souligner que même si des cas de cette maladie sont enregistrés un peu partout dans le monde, les décès ne sont enregistrés que dans les pays sous-développés. Et même dans certains de ces pays, la maladie ne provoque pas la mort, exemple la Tunisie, qui semble en avance par rapport à l'Algérie et même au Maroc. Le Dr Aïcha Abed a précisé que les régions les plus touchées par la rage sont celles du nord et des Hauts Plateaux. Les régions du Sud semblent épargnées par cette maladie, puisqu'aucun cas de décès n'y a été signalé. Les 12 décès ont tous été enregistrés au nord du pays dans 10 wilayas. Néanmoins, cela ne veut pas dire qu'il n'existe pas de cas de rage dans d'autres régions du pays, avertit Mme Abed, qui ajoute que dans certaines wilayas «silencieuses», notamment à l'ouest du pays, certains responsables de structures sanitaires ne fournissent pas des données exactes quant à l'ampleur du phénomène et ne déclarent pas les cas. Selon elle, ce problème doit être pris en charge par les secteurs de la santé, l'agriculture, le développement rural et les collectivités locales (wilayas et APC). Elle a ajouté que près de 5 000 consultations sont enregistrées annuellement et 60% des personnes mordues ne viennent se faire vacciner qu'une fois les symptômes de la maladie déclarés et 20% seulement viennent juste après une morsure. Les retards et les vaccinations incomplètes, mais aussi le manque d'infrastructures, notamment dans les zones enclavées, compliquent la situation et sont généralement les causes des décès.