Le dromadaire aux quatre pattes entravées par des branchages blatère, le sang gicle de son artère tranchée: les nomades kényans de la région aride de Turkana en sont réduits à sacrifier leurs bêtes pour survivre à une sécheresse exceptionnelle. «J'ai amené mon dromadaire pour l'abattre et gagner un peu d'argent après avoir perdu l'autre, mort de faim à cause de la sécheresse», explique un nomade, en regardant la bête dépecée pour récupérer viande et peau. Une vingtaine de nomades Turkana ont marché pendant des heures jusqu'à l'endroit où est prévue une opération d'abattage. Un dromadaire ou une vache rapporte 10 000 shillings kényans (100 euros), une chèvre 800 ksh (8 euros). Cet abattage constitue la pierre angulaire d'un programme d'aide aux éleveurs du district de Turkana. Plus de 16 000 bêtes seront tuées d'ici la fin de l'année. Coincée au nord-ouest du pays, à la frontière avec l'Ouganda, le Soudan et l'Ethiopie, la région de Turkana est la plus pauvre du Kenya. La sécheresse qui la frappe depuis plus de deux ans a mis sa population, 500 000 personnes dont 70% de nomades -pourtant rompue à l'hostilité d'un environnement quasi-désertique-, au bord de l'épuisement.