Résumé de la 19e partie n Pensive, Mary relisait la lettre de Neville que lady Tressilian venait de lui tendre. Une errance perpétuelle d'hôtel en hôtel - et avec une mère pareille ! Elle a fait la connaissance de Neville sur les courts de tennis, elle a pointé ses batteries sur lui et n'a eu de cesse de lui faire quitter sa femme - qu'il adorait, pourtant - et de lever le pied avec lui ! C'est à elle que revient la responsabilité de tout ce qui s'est passé. Mary Aldin esquissa un mince sourire : bien de sa génération, lady Tressilian rejetait toujours le blâme sur les femmes, et réservait pour les hommes ses trésors d'indulgence. — En toute équité, glissa Mary, Neville a quand même bien dû avoir quelques torts, lui aussi. — Neville est très coupable, bien entendu. Il avait une femme charmante, qui l'avait toujours adoré - trop, peut-être. Et je suis convaincue que, sans les assiduités intempestives de cette fille, il aurait fini par retrouver ses esprits. Mais elle était bien décidée à se faire épouser ! Oui, vraiment, toute ma sympathie va à notre chère Audrey. Je l'aime beaucoup. — Nous avons connu des moments bien pénibles, soupira Mary. — Oui, c'est vrai. On est bien en peine de savoir quelle contenance adopter dans des circonstances aussi difficiles. Matthew aimait Audrey autant que je l'aime, et personne ne peut nier qu'elle n'ait été une excellente épouse pour Neville. Encore que l'on puisse regretter qu'elle n'ait pas su davantage partager ses passe-temps. Elle n'a jamais été très sportive. Ce divorce m'a mise sens dessus dessous. Quand j'étais jeune fille, des choses comme cela ne se produisaient tout bonnement pas. Les hommes avaient des liaisons, bien entendu, mais on ne leur aurait jamais permis de briser leur vie conjugale. — Eh bien, on le leur permet, désormais, trancha Mary. — Exactement. Vous avez tellement de bon sens, ma chère. A quoi bon ressasser un passé révolu ? C'est ainsi que cela se passe, à l'heure actuelle. On permet à des filles comme cette Kay Mortimer de s'emparer des maris des autres, et personne n'y trouve rien à redire — Sauf les gens dans votre genre, Camilla ! — Oh, moi, je ne compte plus. Et cette gourgandine de Kay se soucie de mon approbation comme d'une guigne. Elle est bien trop occupée à se la couler douce. Neville n'aura qu'à l'amener avec lui quand il viendra,.. et je suis même disposée à accueillir les amis de Madame - encore que je n'apprécie guère ce gandin aux airs de théâtreux qui lui tourne toujours autour. Com-ment s'appelle-t-il donc, déjà ? — Vous voulez parler de Ted Latimer ? — C'est cela même. Une de ces relations qu'elle s'était faites sur la Riviera. Et je voudrais bien savoir de quoi ce monsieur dispose pour vivre sur un aussi grand pied. — D'expédients, proposa Mary. — D'expédients, passe encore. Ce que je crois plutôt, c'est qu'il vit de ses charmes. Ce n'est pas un ami bien convenable pour la femme de Neville ! J'ai détesté sa façon de venir ici, et de s'incruster à l'Easterhead Bay Hotel tout le temps de leur séjour, l'été dernier. (à suivre...)