Gourmandise n Les trois hommes, dont les narines sont titillées par l'odeur de la viande qu'on fait cuire, ne pensent qu'au repas qu'on allait faire. La viande était autrefois un plat de luxe et beaucoup de familles n'en mangeaient qu'en de rares occasions. Ce jour-là, Djeha recevait ses deux beaux-frères. — qu'allons-nous préparer pour tes frères ? demande Djeha à sa femme. — du couscous, dit-elle, avec de la viande, bien sûr ! — la viande n'est pas à notre portée, dit Djeha. Mais la femme ne veut rien entendre. — ce sont mes frères, il faut les honorer ! Djeha doit donc faire un effort. Il se rend au souk et achète une livre de viande. Il la fait débiter en quatre beaux morceaux, un pour lui, un pour sa femme et un pour chacun de ses hôtes. Il rentre à la maison et sa femme prépare aussitôt le couscous. Elle met la viande à cuire dans la marmite, avec le bouillon, puis place le couscoussier au-dessus. Les hôtes arrivent. Tandis que le repas cuit, Djeha discute avec eux. Ils parlent de choses et d'autres, mais les trois hommes, dont les narines sont titillées par l'odeur de la viande qui cuit, ne pensent qu'au repas qu'ils allaient faire. Alors que le couscous est cuit. Dans la cuisine, la femme de Djeha a enlevé le couscoussier et laissé la marmite refroidir un peu, avant de servir. L'odeur de la viande, cuite à point, embaume la maison. A côté, les beaux-frères de Djeha, qui n'ont pas mangé de viande depuis longtemps, n'en peuvent plus. L'un d'eux se lève. — que peut bien faire notre sœur ? dit-il. Je vais aller la retrouver ! L'autre se lève. — tu as raison, allons voir ce qu'elle fait ! Djeha, qui a compris leurs intentions, se lève à son tour. — vous avez raison, il faut aller voir ce qu'elle fait ! Ils entrent donc tous les trois dans la cuisine d'où la femme venait juste de sortir. — elle n'est pas là, dit un frère ! Il s'approche de la marmite qui fume. Il prend une fourchette et pique un morceau de viande. Il l'avale goulûment. — humm… dit-il. Il regarde son frère puis Djeha et dit. — je crois que cette viande a besoin d'un peu plus de sel ! Le second frère s'approche. — tu crois ? Il pique un autre morceau et l'avale aussi goulûment que son frère. — oui, tu as raison, la viande a besoin de sel ! L'autre allait revenir, mais Djeha les écarte et mange les deux morceaux qui restent. Il s'écrie : — la marmite a besoin de viande ! (à suivre...)