Gêne n Djeha, trop pauvre, ne peut inviter ses camarades de l'école coranique à manger chez lui. Ces camarades le harcèlent. Dans sa jeunesse, Djeha était taleb, ce qui signifie qu'il fréquentait une école pour apprendre le Coran. Or, à l'époque, les parents fortunés invitaient les étudiants à manger chez eux. c'était, pour les plus pauvres d'entre eux, l'occasion de faire un bon repas. Djeha, qui vivait avec sa mère, était pauvre. C'est à peine s'il trouvait quoi manger en rentrant de l'école. Mais par fierté, il ne disait jamais à ses condisciples qu'il était pauvre. Ceux-ci ne cessaient de lui dire. — Djeha, quand nous inviteras-tu à manger ? — Un jour, si Dieu veut ! — C'est ce que tu dis, à chaque fois qu'on te parle d'invitation ! Comme ils insistent, il trouve un prétexte. — µa mère a pris le deuil de son père, elle est partie chez sa mère ! — A son retour, tu pourras nous inviter ? — Il faudra attendre longtemps. — Le deuil ne dure que trois jours. — Erreur, ma mère reste avec sa mère toute la durée de sa retraite légale ! La retraite dure quatre mois et dix jours. Au bout de ce temps, les étudiants reviennent à la charge. — Et maintenant, Djeha, tu nous invites ? — Je dois d'abord en parler à ma mère ! Dès qu'il rentre à la maison, il demande à sa mère. — Mère, a-t-on du grain pour préparer du couscous ? — Il m'en reste une poignée ! — Et de la viande ? — Voilà bien longtemps que je n'en ai pas senti l'odeur ! — Alors, inutile de te demander de préparer un couscous pour quarante personnes ! La mère s'étonne. — Quarante personnes ? Tu n'as pas l'intention d'inviter tes condisciples ? — Si, hélas… Ils ne cessent de me harceler ! — Hélas, mon fils, nous n'en avons pas les moyens ! Tu devrais leur expliquer. Djeha est triste. — Ils se moqueraient de moi ! — Ce n'est pas un crime d'être pauvre ! — Mes camarades ne comprennent pas. En effet, dès qu'il les revoit, ils reviennent à la charge. — Alors, Djeha, c'est pour quand ce repas ? — Tu ne vas pas encore nous rassasier de promesses ? Djeha réfléchit un instant, puis dit : — D'accord, venez demain à midi ! On se regarde, étonné. — Quoi, tu nous invites ? — Vous êtes sourds ou quoi ? Demain, venez manger chez moi ! (à suivre...)