Obstacle n Les efforts du Président américain, et nouveau prix Nobel de la paix, pour mettre fin au conflit du Proche-Orient, paraissent s'enliser inexorablement. Dès son entrée à la Maison-Blanche, le Président avait placé le conflit israélo-palestinien au sommet de ses priorités internationales. Pour l'administration Obama, faire la paix sur cette terre si disputée était, et reste, la clé de la détente avec l'ensemble du monde musulman. L'une des premières décisions de M. Obama a été de nommer un émissaire de très haut rang, le sénateur George Mitchell. Celui-ci multiplie depuis les allers-retours dans la région, cherchant à renouer le dialogue entre Israël, les Palestiniens et les pays arabes. Dix mois après, l'impasse semble a priori complète sur le terrain. Côté israélien, le gouvernement de Benjamin Netanyahu refuse de renoncer complètement à la colonisation. Et chez les Palestiniens, la division s'approfondit entre le président Mahmoud Abbas, politiquement affaibli, et ses adversaires du Hamas. L'administration a aussi perdu une partie de son crédit auprès des Palestiniens. «Les Palestiniens pensent qu'Abbas a mis tous ses œufs dans le panier américain et qu'il n'a rien obtenu», souligne M. Nathan Brown un professeur de l'université George-Washington. Malgré ces échecs, et bien que les deux parties aient cessé toute négociation en début d'année, l'administration continue de préconiser «un accord définitif sur l'existence de deux Etats», a redit, jeudi soir, le général Jim Jones, l'influent conseiller de M. Obama. Alors que George Mitchell et la secrétaire d'Etat Hillary Clinton doivent faire un rapport la semaine prochaine à la Maison-Blanche, Zbigniew Brzezinski, un lointain prédécesseur du général Jones, presse M. Obama de ne pas abandonner la partie. «Les deux côtés semblent incapables de faire la paix seuls», a déclaré l'ancien conseiller du président Jimmy Carter : «Il serait tout à fait logique que le Président dise quels seraient les contours d'un plan de paix pour le Proche-Orient.» Une telle initiative «aurait le soutien de presque tous les pays du monde, y compris la plupart des pays arabes», assure M. Brzezinski : «Cela mettrait une énorme pression sur les Israéliens et les Palestiniens.» Henri Barkey, de la fondation Carnegie, invite, pour sa part, le Président à saisir l'occasion de la remise du prix Nobel, en décembre à Oslo, pour «prendre une initiative spectaculaire» et se rendre aussitôt dans la région. L'idée laisse Nathan Brown dubitatif. «Après quinze ans de processus de paix, les grands projets, les prix Nobel, tout cela ne veut plus rien dire au Proche-Orient.» Quoi qu'il arrive, poursuit cet expert, l'administration ne devrait pas modifier prochainement sa politique. M. Obama, dit-il, va continuer à promouvoir publiquement un accord définitif, mais il doit intégrer dans sa tactique le fait que cela ne va pas se produire rapidement. Les Etats-Unis «vont changer de focale» pour se concentrer vers des objectifs intermédiaires, pronostique-t-il.