Le mot qui désigne la mort est issu d'une racine commune à l'arabe et au berbère : M(W)T : mawt (arabe), tametan, avec un verbe commun à tous les dialectes, mmet (berbère). Cette racine, qui appartient au fonds chamito-sémitique, est attestée dans d'autres langues de la famille linguistique : hébreu, araméen, mwt, égyptien, mwt, haoussa mutu, etc. L'arabe dispose aussi d'autres mots comme maniyya, h'ima, h'ayn, bilâ, radâ, halâk et wafât. Les termes maniyya et wafât sont utilisés dans les parlers arabes maghrébins. Signalons encore que wafat, qui a le sens propre d'accomplissement, c'est-à-dire de la vie d'un homme, est employé au passif, twaffa (du classique tuwuffiya) pour dire «il a été mis un terme à sa vie», sous-entendu «par Dieu». D'ailleurs, ce verbe est employé dans ce sens, dans le Coran. Dans la conception des Berbères, la mort fait partie de la vie : on naît, on vit, on vieillit et on meurt. Loin d'être un simple phonème physique, la mort, elle, est pensée, vécue, assumée, et on peut même dire qu'elle donne un sens à la vie. Tout ce que l'on fait, dans sa vie, n'est-il pas considéré, comme une préparation, à la «vie», dans la mort ? Les pratiques religieuses, comme le jeûne, la prière, les actes surérogatoires, les aumônes, sont, selon l'expression musulmane bien connue, le «viatique de l'au-delà», zâd al-Ma‘ad, à laquelle fait écho l'expression kabyle, a‘win n laxert, le viatique de l'autre monde.