Résumé de la 1re partie n Hier, nous avons vu que le personnage de Djeha serait donc historique et aurait porté le nom de Nasredinne Hodja ou Khodja. Ses anecdotes se retrouvent dans plusieurs pays. Il était, autrefois, courant de s'inviter mutuellement pour sceller les amitiés, notamment quand on était voisin. Or, le voisin de Djeha est un avare. Djeha, en bon voisin, l'a invité à plusieurs reprises et il attend que son voisin l'invite à son tour. Un matin, la femme du voisin avare passe devant la maison de Djeha. Elle l'entend discuter avec sa femme. — Notre voisin, dit Djeha, ne connaît pas les règles de la bienséance. Jusqu'à présent, il ne m'a jamais invité à manger chez lui ! — Lui, t'inviter à manger ? répond sa femme, n'y compte pas ! — Tu as raison, c'est un avare, et je ne manquerai pas de le répéter autour de moi ! La femme du voisin court aussitôt répéter à son mari ce qu'elle a entendu. — Il va te faire une belle réputation ! Le voisin réfléchit. C'est vrai, Djeha — il sait que c'est une mauvaise langue — dira à tout le monde que son voisin est un avare et qu'il ne l'a jamais invité chez lui. On se moquera de lui et on ne manquera pas de le citer au rang des personnes avares. — Je vais remédier à cela, dit le voisin. Sa femme s'étonne. — Quoi, tu vas l'inviter ? — Oui, on va sacrifier une de nos poules et lui préparer un bouillon ! Il va dans sa basse-cour et choisit une poule : une vieille poule qui ne pond plus depuis longtemps et qui attend de mourir de sa belle mort. — Elle est toute vieille, elle doit être coriace ! proteste la femme. — C'est tout ce que je peux offrir, dit le voisin. Il égorge la poule et, tandis que sa femme la déplume, il va inviter Djeha. — Mon cher voisin, je voulais te voir… Djeha le regarde, méfiant. — Que puis-je faire pour toi, mon voisin ? — J'ai songé à un souper… Djeha fait tout de suite «non» de la tête et des mains. — Non, non, cher voisin, je n'ai pas prévu, aujourd'hui, de t'inviter à souper… D'ailleurs, nous avons juste de quoi manger, ma femme et moi ! Le voisin secoue la tête. — Ce n'est pas moi qui vais souper chez toi, mais c'est toi qui vas venir chez moi ! Djeha n'en crois pas ses oreilles. — Quoi, tu m'invites à souper chez toi ? Le visage du voisin s'éclaire d'un sourire radieux. — Oui, c'est cela ! Djeha est toujours incrédule. — Mais, en quelle occasion ? — Il n'y a pas d'occasion. Je viens d'égorger une poulette grassouillette et j'ai demandé à ma femme de nous préparer un bon bouillon… Comme nous n'arriverons pas, ma femme et moi, à la manger entièrement, j'ai songé à t'inviter !