Sortie réussie de la pièce de théâtre Le Foehn, écrite par Mouloud Mammeri et mise en scène par Djamel Abdelli hier, à Béjaïa, au regard de l'accueil enthousiaste que lui a réservé le public. Nouée autour de la thématique de la guerre d'indépendance et soutenue par une superbe interprétation des comédiens qui tout en étant facétieux ont su rendre la gravité du contexte historique.La chronique a captivé et ému. L'histoire se déroule en pleine bataille d'Alger et met en scène un jeune résistant arrêté au moment même où il s'apprêtait à commettre un attentat contre un officier de l'armée coloniale. Emprisonné, torturé, humilié, il finit«ses épreuves» auprès de sa cible manquée qui l'interrogera vainement afin de lui soutirer des aveux. Peine perdue ! Tarik tint bon bien que se sachant voué au peloton d'exécution. De guerre lasse, et au terme d'une parodie de procès, ses tortionnaires finirent en effet par donner l'ordre de le passer par les armes. La trame fort émouvante a surtout valu par la qualité du discours livré et par le truchement duquel autant Mouloud Mammeri que Djamel Abdelli non seulement interrogent l'histoire mais abordent l'aspect manichéen, voire philosophique de la vie. Déclamés alternativement en kabyle et en français, les dialogues sont passés avec une fluidité étonnante et ont restitué dans un décor pourtant loin de l'ambiance des tranchées ou des casernes toute l'ampleur et la force du drame qui se jouait. Le foehn a été écrit dans sa première version en 1957 mais a été réécrit par l'auteur ultérieurement pendant son exil en 1958. C'est seulement en 1967 que la pièce a été montée en français pour la première fois au TNA, dans une mise en scène conduite par Jean-Marie Boeglin, et dans laquelle furent distribués entre autres Sid-Ahmed Agoumi et Keltoum.