Résumé de la 71e partie n L'épouse de l'astronome Camille Flammarion, Gabrielle Renaudot, a vécu une aventure extraordinaire. Gabrielle Renaudot n'était pas encore mariée, en avril 1918, quand les faits que nous allons rapporter se sont déroulés. Rappelons que Gabrielle Renaudot était alors astronome à l'Observatoire de Juvisy. C'était aussi une mathématicienne habile et qui était employée comme secrétaire du conseil de la Société astronomique de France et directrice de son bulletin mensuel, membre de l'Académie des journalistes parisiens. Elle était aussi rédactrice de plusieurs revues scientifiques. Tout cela montre que c'est une scientifique et elle ne s'intéressait pas aux phénomènes spirites, du moins jusqu'à cette date. En tout cas, ceux qui la connaissaient la décrivent comme une femme sceptique et nullement impressionnable. En ce mois d'avril, la grande guerre n'était pas encore terminée. De Paris où elle se trouvait, Gabrielle Renaudot suivait avec angoisse les événements et vivait, comme beaucoup de gens, de l'époque, au rythme des nouvelles du front. Ce jour-là, il y avait dans son courrier, une lettre venant de Cherbourg. Elle est du docteur Bonnefoy. La femme est aussitôt émue, car le docteur Bonnefoy a été l'époux de sa meilleure amie, Suzanne, décédée, il y a quelque temps. Elle sait que le docteur s'est remarié, mais elle sait aussi qu'il garde une grande tendresse pour la défunte. «pauvre Suzanne», soupire Gabrielle. Elle ouvre la lettre et s'étonne de se voir invitée à venir passer quelques jours à Cherbourg, dans la maison du médecin. «Ce sera l'occasion pour vous de vous extraire à l'ambiance étouffante de la capitale et cela vous rappellera les lieux que notre chère Suzanne a fréquentés et de nous rappeler les souvenirs qui nous lient à elle.» Gabrielle Renaudot répond aussitôt à la lettre : elle accepte, avec joie, la proposition. Quand elle arrive à Cherbourg, elle est accueillie avec chaleur par le docteur et ses enfants, heureux de revoir l'amie de leur chère disparue. Gabrielle est elle-même émue de revoir la maison où son amie a longtemps vécu. Elle va dans toutes les chambres, ouvre ses armoires, s'imprègne de ses souvenirs. «Il se trouva que je reçus, sinon la chambre de Mme Suzanne Bonnefoy, du moins son lit transporté du rez-de-chaussée où elle était morte, dans une chambre du premier étage, qui avait été sa chambre de jeune fille. c'est un grand lit breton, très ancien, en bois sculpté, fort beau, surmonté d'un dais garni de tapisserie. Toute la chambre est meublée de vieux bois artistiques, table de nuit, bonneterie, pupitre d'église, en face du lit, un portrait de Mme Bonnefoy, agrandissement photographique d'une ressemblance frappante. J'en fus assez impressionnée. Le souvenir du passé me revenait constamment. Je revoyais mon amie, alors qu'elle semblait si heureuse d'une vie à la fois active et harmonieuse, entièrement consacrée au bien, et je l'imaginais aussi qu'elle devait être sur ce même lit, qui avait été pendant deux jours et trois nuits, son lit mortuaire. La première nuit, du 25 au 26 avril, je ne dormis pas, songeant à elle, à son passé et au présent actuel de sa maison. j'étais d'ailleurs un peu souffrante…» (à suivre...)