Béjaïa A 75 ans, El-Hadj Rabah n?en fait qu?à sa tête. Aujourd?hui, il décide de ne pas bouger de sa place jusqu?à ce qu?il soit rassuré sur l?état de santé de sa femme. El-Hadj Rabah est de fort bonne humeur par cette belle matinée de décembre... Sur le pas de la porte de sa belle maison, il hume l?air vivifiant à pleins poumons. Lala Fatma, sa chère épouse, va bientôt quitter ce maudit lit d?hôpital et revenir enfin parmi les siens... Et quel bonheur de l?avoir de nouveau à la maison ! En cinquante ans de vie commune, El-Hadj ne s?est jamais lassé de ce bout de femme douce, énergique et si conviviale. Lorsque cette dernière a été hospitalisée d?urgence, lui se trouvait dans sa petite boutique d?alimentation générale. Tarek, son petit-fils de 12 ans est arrivé en trombe, avec cet air alarmant que tout le monde lui connaît si bien : «Grand-père ! Il faut vite rentrer à la maison... Grand-mère est très malade et elle a été transportée à l?hôpital il y a une dizaine de minutes...» El-Hadj a reçu cette nouvelle comme un coup porté au c?ur. Lala Fatma tombe si rarement malade ! Aussi, s?empresse-t-il de fermer boutique et rejoint toute la famille aux urgences de l?hôpital. Son fils Mohamed avance vers lui à grands pas dès son arrivée. ? «Que se passe-t-il ? De quoi souffre ta mère ? Où est-elle ? ? Ne panique pas, père ! Elle est entre de bonnes mains. Elle souffre d?une appendicite et elle sera opérée dans un moment? Rentre à la maison et repose-toi, il ne sert à rien d?attendre, tu n?es plus très jeune. Et puis, tu dois prendre tes médicaments ! ? Au diable mes médicaments ! Je reste là jusqu?à ce que je sois rassuré sur son état ! ? Fais comme bon te semble ! De toutes les manières, tu es têtu depuis toujours !» C?est, en effet, le moins que l?on puisse dire. A 75 ans, El-Hadj n?en fait qu?à sa tête et gare à celui qui ose se mettre en travers de son chemin? Lala Fatma il l?aime tellement qu?il est prêt à donner sa vie pour elle. Alors, comment pourrait-il la laisser tomber dans un moment pareil ? L?opération se passe bien, heureusement ! Quelques jours plus tard, tout le monde est heureux d?apprendre que la vieille Fatma va bientôt rentrer à la maison. tous le monde sauf Samira, sa perfide belle-fille. D?ailleurs, ce jour-là elle a une drôle de conversation téléphonique avec sa mère : ? «Cette vieille mégère aurait dû mourir sur son lit d?hôpital ! Je vais devoir la supporter encore longtemps et cette idée à elle seule me répugne ! ? Allons, ma fille ! Ne sois pas aussi méchante ! Pour ma part, je suis heureuse d?apprendre qu?elle va bien ! C?est une brave femme, mais toi tu ne te rends pas compte de la chance que tu as d?avoir une aussi gentille belle-mère ! C?est malheureux ! ? Oh, maman ! s?il te plaît arrête ! Ne recommence pas avec tes reproches ! A tes yeux, c?est toujours moi la fautive, la méchante, quoi que je fasse ! ? J?ai du mal à comprendre pourquoi tu la détestes autant ! ? Je ne l?aime pas, un point c?est tout ! Au revoir !» (à suivre...)