L?esprit préoccupé par cette pensée, il quitta la maison de son épouse. Il marcha longtemps et il aperçut une maison. En y arrivant, il se dirigea vers la porte et dit : ? Mon Dieu, pardonne-nous, pauvres pécheurs ! A l?intérieur, une voix féminine lui répondit : ? Si tu es un homme bon, présente-toi ! Si tu es méchant, sois réduit en cendres ! Ali entra dans la masure et aperçut sa s?ur. En le voyant, elle lui dit : ? Pourquoi es-tu venu, mon frère ? Le vent est mon mari. Gare au malheur ! Aussitôt, elle le prit par la main et le cacha. Il était temps, le vent rentrait à la maison. ? Hum, ça sent l?étranger ici ! dit-il en humant l?air. ? C?est que vous avez volé partout à travers le pays, et que vous avez certainement ramené des odeurs de partout, lui répondit sa femme. Et elle ajouta : ? Que penseriez-vous, si mon frère venait ici ? ? Bien volontiers, répondit le vent. Nous mangerions, nous boirions et nous ferions la fête. Alors, elle lui dit : ? Eh bien, je vais vous le présenter ! Elle sortit et revint avec son frère. Le Vent, en voyant Ali, fut très heureux. Ils burent et firent la fête. Tous étaient de bonne humeur. Ils festoyèrent une semaine entière. Puis, Ali prit congé et se rendit chez sa deuxième s?ur, celle qui était mariée avec la Grêle. Il raconta à son beau-frère et à sa s?ur comment il avait trouvé sa femme et comment il l?avait perdue par sottise. Son beau-frère le mit au courant que le dragon qu?il avait libéré, avait inopinément enlevé Badr El-Boudour et l?avait emmenée dans sa tanière. Après son séjour chez sa deuxième s?ur, Ali se rendit chez la troisième. En chemin, il fut surpris par la nuit, alors qu?il n?était pas encore sorti d?une épaisse forêt, qu?il traversait. Il réfléchit et décida de passer la nuit à côté d?un puits. Le lendemain, il était à peine réveillé, lorsque sa belle épouse vint au puits pour chercher de l?eau. Ils se virent l?un l?autre et ressentirent un grand bonheur. Elle lui raconta que le dragon l?avait enlevée pendant qu?elle était à la chasse, et qu?il l?avait emportée dans cette forêt où ils vivaient désormais. Après cette discussion, ils se mirent en selle et s?enfuirent. Pendant ce temps-là, le dragon était à la chasse. Son cheval trébucha. Le dragon lui demanda : ? Mon cher cheval, pourquoi trébuches-tu ? ? Si je trébuche, c?est que je sens que Badr El-Boudour vient de s?enfuir avec Ali, répondit le cheval. ? Comment ! Mais, pouvons-nous les rattraper ? dit le dragon. Le cheval déclara : ? J?ai faim. Récoltons d?abord du blé, réduisons-le en farine et mangeons-le ; ensuite, partons à leur poursuite. Ainsi fut fait, et ils partirent en quête de Ali et de sa femme. Dès que le dragon les aperçut, il leur cria de s?arrêter. Mais ils s?enfuirent de plus belle. Le dragon se mit en colère et se jeta à leurs trousses avec son cheval. Finalement, il rattrapa les fuyards, et s?adressa alors à Ali : ? J?ai crié pour que tu t?arrêtes ? Je t?aurais pardonné d?avoir voulu me prendre Badr El-Boudour. Mais, tu ne m?as pas obéi. Malheur à toi ! Il empoigna Ali et le tua, puis il rentra chez lui avec la jeune femme. Les beaux-frères de Ali, sachant que le dragon l?avait tué, s?envolèrent pour se procurer de l?élixir de santé et de l?élixir de vie. Puis, ils volèrent jusqu?à lui pour lui prodiguer leurs soins. De retour à la vie, Ali dit alors à ses beaux-frères : ? Oh, comme j?ai bien dormi ! ? Tu étais endormi pour des siècles, si nous n?avions pas été là ! lui répondirent-ils. (à suivre...)