Résumé de la 1re partie n Ce que craignait le commissaire finit par arriver : des ouvriers des chemins de fer autrichiens découvrent le cadavre déchiqueté d'un homme. Franz Ritter approuve, sans se compromettre, d'un hochement de tête. — A présent, c'est à moi de diriger l'enquête. Mais comment voulez-vous mener une enquête quand tout a eu lieu dans un monde à part qui vous file sous le nez à cent trente à l'heure ? Le commissaire médite encore amèrement quelques instants avant de retrouver son esprit de décision. — Ritter, vous allez téléphoner à Belgrade. Si le train n' y est pas arrivé, nous avons encore une chance. Vous demanderez par Interpol que la police yougoslave prenne l'identité de tous les passagers. Franz Ritter revient cinq minutes plus tard, l'air contrarié. — Pas de chance, commissaire, à une heure près. L'Europe-Express est arrivé à Belgrade à 15 heures. Comme rien d'anormal n'avait été signalé, on a laissé partir tout le monde après les formalités de douane et de police. Heinz Bruckmayer tire nerveusement une bouffée de son cigare. — Ce qui veut dire que tous les témoins nous ont filé entre les doigts... Notez que c'est peut-être un accident. Mais, entre nous, je n'y crois pas dans ce lieu de débauche et de perversion. Le jeune adjoint s'éclaircit la voix : — Je ne suis pas entièrement de votre avis, commissaire. Il y a des témoins. Le personnel du train qu'on pourra retrouver facilement et puis ,surtout, les prostituées. Vous savez comme moi qu'elles sont de tous les voyages. Ce sont des habituées. En plus, elles peuvent être d'excellentes observatrices. Qui sait même si l'une d'elles n'a pas eu la victime pour client ? Le commissaire gratifie son adjoint d'un sourire approbateur. — Nous interrogerons tout ce petit monde quand le train repassera à Linz. En attendant, je vous charge de l'enquête traditionnelle. L'enquête traditionnelle, Franz Ritter la mène à bien en quelques coups de téléphone. Interpol Allemagne et Yougoslavie donnent tous les renseignements possibles sur l'identité de la victime : un travailleur émigré comme tant d'autres, qui avait quitté le soleil de l'Adriatique pour les brumes de Hambourg avec presque tous les jeunes gens de son village. Manifestement un brave garçon qui n'avait pas eu d'histoires ni dans son pays natal ni dans son travail en Allemagne. La seule chose vraiment intéressante est qu'il allait passer quinze jours dans sa famille et qu'il devait, comme beaucoup de ses compatriotes, lui apporter pas mal d'argent en liquide. Le lendemain, les résultats de l'autopsie confirment la première impression du commissaire Bruckmayer : il s'agit bien d'un crime. Le jeune homme était drogué. Un mélange d'alcool et de barbituriques. Il était inconscient au moment où il est tombé sur la voie . Il ne peut être question d'accident : on l'a poussé. Deux jours plus tard, l'Europe-Express est de retour à Linz. A son entrée en gare, la police autrichienne fait descendre tous ceux que le commissaire Bruckmayer lui a demandé d'interpeller, c'est-à-dire les habitués du train : le vendeur de revues pornographiques, le marchand d'alcool et, bien entendu, une douzaine de prostituées. Le personnel a été également convoqué. Quant aux fournisseurs de drogue, dont chacun sait qu'ils tiennent boutique dans les toilettes des derniers wagons, ils sont introuvables : en apprenant le meurtre, ils ont préféré s'éclipser pendant quelque temps. Etant donné le nombre de témoins, le commissaire les a réunis dans la salle d'attente de la gare, fermée provisoirement au public, et les questionne dans un bureau voisin. (à suivre...)