Résumé de la 3e partie n Gisèle, une prostituée, dit avoir eu comme client la victime. Il avait de gros billets qu'il montrait à tout le monde… Le commissaire arrête là les considérations professionnelles de la jeune femme. L'interrogatoire est terminé. Une fois rentré dans son bureau, il résume la situation avec son adjoint : — C'est bien ce que je craignais au départ, Ritter. Ce train est un univers à lui seul. C'est comme si le crime avait été commis sur une autre planète. Des hippies, a dit cette fille... Qu'est-ce qu'on peut faire d'un renseignement pareil ? Je vais envoyer deux de mes hommes sur l'Europe-Express. Mais je ne pourrai pas les laisser en poste plus de quinze jours et je sais bien de toute façon que c'est du temps perdu. Heinz Bruckmayer a raison. Ses inspecteurs réussissent tout juste à arrêter de petits truands, pas même les fournisseurs de drogue, qui n'ont toujours pas reparu... Plusieurs mois passent sans apporter le moindre élément nouveau. A contrecoeur, le commissaire Bruckmayer s'est résigné à abandonner son enquête. Mais il ne peut s'empêcher de continuer à penser à cet Europe-Express qui vient le narguer, deux fois par semaine, en traversant sa ville de Linz avec derrière ses rideaux tirés tout son cortège de débauche et peut-être un assassin. Le matin du 30 juin 1976, Franz Ritter fait irruption dans le bureau de son patron. — Commissaire, ça continue ! Le commissaire Bruckmayer, qui est resté très attaché à l'étiquette, ne supporte pas qu'on entre sans frapper quand il travaille. Mais avant qu'il ait pu dire quoi que ce soit, son adjoint poursuit — Un appel d'Interpol Allemagne. Le meurtrier de l'Europe-Express a remis ça. Exactement de la même manière : le corps d'un jeune Yougoslave a été retrouvé le long de la voie, près de Passau. Le commissaire se redresse brusquement. — Passau ? Mais c'est la dernière ville allemande avant la frontière ! Nous avons affaire à quelqu'un de très fort, Ritter. Il a pensé à tout. Le jeune adjoint hoche la tête. — Oui, commissaire, sûrement un criminel hors série. Deux meurtres dans deux pays différents. Et vous savez qu'on a retrouvé le cadavre à cinq cents mètres seulement de la frontière autrichienne ? Le commissaire Bruckmayer tape du poing sur la table, geste très inhabituel chez lui. — Mais Interpol existe, bon sang ! Mettez-moi en rapport avec mes collègues allemands. Je tiens à participer personnellement à leur enquête, j'en fais une question d'amour-propre. La police allemande accepte avec empressement la collaboration de Heinz Bruckmayer, dont l'expérience dans cette affaire ne peut que lui être précieuse. Mais en arrivant à Passau, le commissaire a une étrange impression : il lui semble assister à l'enquête qu'il a déjà menée ! La victime s'appelait Slobodan Skolic, vingt-cinq ans, né à Sarajevo et travaillant à Düsseldorf. Il venait de terminer son contrat avec la firme allemande qui l'employait et il rentrait dans son pays avec tout l'argent qu'il avait économisé. Comme le précédent, il a été drogué et il est mort de sa chute sur la voie. Dans les locaux de la police de Passau, le commissaire revoit défiler tous ceux qu'il a interrogés lui-même à Linz : le marchand de revues pornographiques congestionné, le vendeur d'alcool frelaté, les prostituées, parmi lesquelles Gisèle, qui se permet de lui adresser un petit sourire en le reconnaissant au fond de la pièce. Cette fois, ce n'est pas elle qui a eu la victime comme client. Mais l'autre dit exactement la même chose : l'homme avait des billets plein son portefeuille et il les a montrés à tout le wagon. (à suivre...)