Sublime apport du virtuose Farid Khodja avec la sortie de son album Sérénades. Douze chansons viennent enrichir l'espace musical des nombreux amateurs de la musique andalouse, dans sa version haouzie. L'empreinte tlemcénienne est présente, tout comme l'algérois et son cercle encore plus restreint, le blidéen, grâce à Hadj Menouer et sa célèbre qacida Koulou men chaf ghazali ka yeheblou. D'aucuns apprécieront la reprise par Khodja de Salef mekmoulet el bha de Hadj Mahfoudh. Le chantre de l'interprétation romantique de qacidate jamais oubliées plante le décor dont il sait recréer l'ambiance d'un temps révolu. Monde enchanteur, rêveries solitaires, amour, relation éphémère, liaisons tour à tour comblées puis envolées : Farid Khodja crée cet espace de folie, cette foudre qui peut emporter les êtres amoureux. Florilège de bonheur, de romantisme puis de mélancolie, les qacidate et leur interprétation remporteront, à coup sûr, l'adhésion des mélomanes. Un programme en trois tableaux qu'il terminera par Lik nechtaki qissate halli du poète marocain de Fès, Hadj Fdoul El-Mernissi. Khodja a su combiner tous les symboles faisant référence à la civilisation andalouse, mettant à contribution même les instruments de musique : Ouel ûd maâ rebab Inaghem bechaâr Ouel djanah ikhassem be aouatrou Hatta kamandja tsih Binighma mesrara Le luth avec le rebab Déclament des poésies Alors que la lyre réplique Avec ses cordes Et même le violon qui chante allègrement. L'interprète ne saurait s'arrêter en si bon chemin. Il promet d'autres créations et interprétations, lui qui a déjà à son actif trois albums que se sont arrachés ses admiratrices et admirateurs. Ce dernier CD, appelé Sérénades est à ajouter à la riche discothèque algérienne d'origine andalouse. Blida saura réserver à cet interprète une place parmi les grands, référence à Dahmane Benachour, Hadj Mahfoudh et les grands artistes algériens respectant les règles de la musique andalouse. Le patrimoine hawzi de la musique andalouse ne risque pas de tomber dans les oubliettes. Salim El-Hassar et Mansour Kessanti l'attestent dans leurs témoignages en marge de l'album, un album où la chechia et le rebab figurent comme illustration «authentique».