Résumé de la 2e partie n Dès l'entrée en gare de l'Europe-Express, la police autrichienne fait descendre tous ceux que le commissaire Bruckmayer lui a demandé d'interpeller… L'interrogatoire des membres du personnel ne donne pas grand-chose. Depuis longtemps, ils ont pris leur parti de limiter leur service au minimum et, surtout, de ne pas se montrer trop curieux. Le travail dans l'Europe-Express est déjà suffisamment peu enviable comme cela. Ils ne tiennent pas à ce qu'en plus il devienne dangereux. En tout cas, ils n'ont aucun souvenir du jeune homme. Comment remarquer un Yougoslave parmi des centaines d'autres ? Le témoignage du vendeur de revues pornographiques n'est guère plus instructif. C'est un gros homme rougeaud, congestionné. Quand il arrive devant le commissaire, il semble au bord de l'apoplexie. Il s'éponge sans cesse le front et les joues avec son mouchoir. — Je suis en règle, monsieur le commissaire. Je suis un honnête commerçant. J'ai ma licence. Toutes mes publications sont autorisées par la loi autrichienne. Et je ne vends jamais aux mineurs... Jamais ! Le commissaire Bruckmayer l'interrompit et lui montre la photo du jeune homme. — Ce n'est pas ce qu'on vous demande. Lui avez-vous vendu votre marchandise ? Le vendeur examine longuement le cliché. Visiblement, il ne demande qu'à coopérer, mais ne sait rien. Le vendeur d'alcool n'en dit pas plus que son collègue... et c'est enfin au tour des prostituées ! La première, une certaine Hilda, a manifestement l'habitude des entretiens avec la police. Elle comprend tout de suite ce qu'on attend d'elle. — Faut demander à Gisèle, commissaire, je crois bien que c'est elle qui s'est occupée de lui. — Gisèle ? C'est une Française ? La femme a un gros rire. — Elle dit qu'elle est Parisienne, comme ça, pour faire chic, mais entre nous, elle parle allemand aussi bien que moi. La dénommée Gisèle ne fait aucune difficulté pour reconnaître qu'elle n'a jamais mis les pieds à Paris, et qu'elle s'appelle en fait Johanna Menger. C'est une blonde, assez bien proportionnée et qui - sans son maquillage outrancier !- pourrait passer pour une petite bourgeoise. — Je dois vous dire, monsieur le commissaire, que ce n'est pas vraiment mon métier. Je n'ai pas toujours fait cela mais je vis seule avec ma fille et il faut que je paie mon appartement à Hambourg. Vous comprenez ? Le commissaire Bruckmayer ne cherche pas à comprendre. — Cela ne m'intéresse pas. Reconnaissez-vous cet homme, oui ou non ? La jeune femme ne regarde même pas le cliché qu'il lui tend. — Ce n'est pas la peine, j'ai déjà vu sa photo dans les journaux. Oui, je l'ai eu comme client. Si j'avais pu savoir... Elle hésite un instant. — Mais dans le fond, cela ne m'étonne pas qu'il lui soit arrivé quelque chose. Il y avait de gros billets dans sa poche et il les montrait à tout le monde dans le couloir. D'ailleurs, dans tout son wagon c'était plein de hippies... — Et avez-vous spécialement remarqué l'un d'entre eux ? Gisèle hausse les épaules. —Les hippies, je n'y fais jamais attention. Ils sont tous fauchés et s'ils ont un peu d'argent c'est pour s'acheter de la drogue. Non ; il n'y a que les Yougoslaves qui sont intéressants : eux, ils ont du fric... Enfin, surtout dans le sens Hambourg-Belgrade, quand ils rentrent chez eux, parce que dans l'autre sens ils ont le plus souvent les poches vides. Alors, pour nous c'est plus calme : on se repose... (à suivre...)