Résumé de la 102e partie n Charles Richet a maintenant la preuve que Bien-Boâ, le fantôme de Carmen, est doté d'un souffle, donc d'un système respiratoire ! Mais l'expérience «décisive» de ce jour-là n'est pas finie. Jusque-là, Bien-Boâ s'est contenté d'apparaître, d'obéir aux consignes qu'on lui donne, il n'a jamais prononcé un seul mot. Mais ce jour-là, il ressort de son rideau et demande à parler à Richet. Delanne, qui relate ces faits, ne nous dit pas ce que le savant et le fantôme se sont dit. Ce n'est que plus tard qu'on saura la tenue de cet entretien. Cependant, rentré le 3 septembre en France, Richet va proclamer, avec enthousiasme que «les fantômes existent réellement». Un peu plus tard, il écrira dans le Figaro : «Au risque d'être regardé par mes contemporains comme un insensé, je crois qu'il y a des fantômes. En tout cas, j'en ai rencontré un !» Les réactions ne tardent pas à se manifester. Le journal publie des lettres de personnalités enthousiastes qui voient, dans l'article de Richet, la «reconnaissance de la science» des phénomènes spirites. «Enfin, écrit un docteur qui a requis l'anonymat, on reconnaît ce que les religions ont toujours proclamé : la survivance après la mort. Désormais, il n'y a plus de raison de s'angoisser devant la mort, puisqu'on sait que les êtres chers ne sont pas voués à l'anéantissement et que l'âme survit à la destruction des corps !» Mais il y a aussi les réactions d'hostilité. «Comment un professeur de la trempe de Charles Richet peut-il se laisser berner de la sorte ? Cette Carmen, qui se prétend médium, n'est en fait qu'une mystificatrice, comme tous les pseudo-médiums qui l'ont précédée !» Richet ne se contente pas de l'article qu'il publie dans le Figaro. Il va en publier un autre, en novembre 1905, dans les Annales des sciences psychiques où il va proclamer haut et fort qu'il croit aux fantômes, en reproduisant les photos prises dans la villa Carmen d'Alger. Richet, prévoyant les critiques des lecteurs sceptiques, expliquera qu'il a pris toutes les précautions lors des expériences et qu'il n'a décelé aucune tentative de fraude. Il n'y a eu ni mannequin, ni poupée agités pour faire croire à un spectre et la personne du médium, qu'on pouvait soupçonner de tricherie, est tout à fait distincte, sur les photographies, du spectre. Selon lui, le médium s'est vidé de sa substance qu'il a prêtée à l'esprit qui a pu ainsi, pendant quelques instants, se matérialiser ! Bien-Boâ existe bien. Au cours d'une conférence, le savant fera cette confidence : — non seulement je l'ai touché, mais je lui ai parlé ! On sait déjà, d'après le témoignage du journaliste Delanne, que le «fantôme» a eu un entretien avec le savant. Les questions fusent aussitôt. — que vous êtes-vous dit ? — nous avons parlé ! On insiste. — dites nous de quoi vous avez parlé ! — le fantôme m'a fait des révélations ! — dites-les nous ! — je ne peux rien révéler ! (à suivre...)