Résumé de la 104e partie n Les réactions des scientifiques ne tardent pas à se manifester. Le docteur Paul Valentin, spécialiste des névroses, affirme que Richet s'est laissé abuser par des malades mentaux. Dans un autre article publié dans la revue qu'il dirige, La Vie Normale, Valentin rapporte qu'il a le soutien d'un médecin aliéniste de Lisbonne, le professeur Miguel Bombarda. Celui-ci critique violemment Richet qui s'est laissé prendre au piège des médiums, reniant ainsi son passé d'homme de science. Bombarda est le secrétaire général du prochain congrès international des sciences médicales qui doit se tenir au printemps à Lisbonne. Plus tard, Valentin informera ses lecteurs que le professeur Rouby d'Alger sera présent au congrès de Lisbonne et qu'il «parlera» des expériences de la villa Carmen. C'est dire que la polémique ne fait que commencer quand on sait que Rouby est un adversaire acharné des spirites et des médiums. A Alger, c'est le docteur Rouby, un aliéniste connu, qui va se charger de démystifier l'affaire de la villa Carmen. Comme beaucoup de gens, à Alger, était au courant, depuis longtemps de ce qui se passait chez les Noël et il en riait, mais l'affaire, avec la venue de Richet, éminent savant, a pris d'autres proportions et il pensait qu'il était de son devoir d'homme de science d'intervenir. Il va commencer son enquête en interrogeant les protagonistes de l'affaire, cherchant notamment à démontrer que la médium Marthe Béraud a fraudé. D'ailleurs, il parviendra à lui arracher des aveux ainsi qu'à d'autres personnes. Il passera ensuite au crible les articles de Delanne, décrivant les expériences de Richet et il montrera que, contrairement à ce qui a été soutenu, toutes les précautions n'ont pas été prises et que des doutes très forts pèsent sur le sérieux de ces expériences. Les documents réunis par Rouby sont accablants pour Richet, mais par considération pour le savant, il ne veut pas les rendre publics : il les lui transmet, en lui demandant de reconnaître qu'il s'est trompé dans cette affaire. Richet lui répond, sans ménagement, que c'est lui qui est dans l'erreur et campe sur ses positions. Rouby décide alors de passer à l'action. Rouby publie les résultats de son enquête puis organise, le 3 mars 1904, une conférence à l'université d'Alger où il va produire Arezki, le cocher des Noël : «Montre-nous, lui dit-il, comment tu fais apparaître Bien-Boâ ! Et Arezki d'agiter un mannequin, comme il le faisait, sous les ordres de madame Carmen, à la villa ! La presse reprend le texte de la conférence ; Richet ne répond pas tout de suite à la démonstration et quand il le fera ce sera pour contester les propos de Rouby, mais sans apporter de contre-preuves. Rouby va reprendre les attaques au Congrès international des sciences médicales de Lisbonne. Il reprendra notamment cette histoire, racontée dans une revue spirite italienne par Carmen Noël, du «double astral» de Richet, ce fantôme d'une jeune Egyptienne morte il y a 3 000 ans et que Bien-Boâ a fait surgir. Richet a déjeuné avec le fantôme et pris, en souvenir, une boucle de ses cheveux. Comment, s'interroge Rouby, un savant de l'intelligence et de la renommée de Richet a-t-il pu se prêter à cette comédie absurde ? Comment Richet peut-il prétendre encore être crédible ? Que reste-t-il de cette théorie des «esprits», la métapsychique qu'il tente de construire sur des bases scientifiques ? (à suivre...)