Résumé de la 107e partie n Blessé au cours d'un combat, Pierre Monnier est évacué vers Paris. Il est soigné par sa mère qui a pris un poste d'infirmière bénévole. La mère pense qu'il allait bénéficier d'un congé pour rentrer chez lui. mais le jeune homme refuse. — je veux retourner au front ! — mais tu es affaibli ! — je ne peux me soustraire à mon devoir ! Le 15 septembre, à peine rétabli, il rejoint le dépôt de son régiment à Chirac, en Lozère. Quinze jours après, il reçoit son ordre de mise en route. Il retourne sur le front et commande un détachement de quatre cents hommes. Le 19 octobre, il est promu au grade de lieutenant. Il fera preuve d'un grand dévouement et, en dépit de sa blessure qui le fait souffrir, il se bat avec bravoure. Chaque jour, il écrit une lettre à ses parents. Il leur raconte sa vie de soldat, les difficultés qu'il rencontre, ainsi que ses histoires. Voici un échantillon de ses lettres, que ses parents ont conservées religieusement. «Mes hommes marchent à peu près à mon idée, je leur fiche la paix en général, mais je veux que ça barde quand je le demande. Ils le savent et nous sommes très bien ensemble. D'ailleurs, les hommes aiment en général les officiers qui ne craignent pas de mettre la main à la pâte et de leur témoigner la sympathie de mille manières.» Il décrit ainsi la vie misérable des soldats. «Les tranchées sont devenues une mare de boue. Mes hommes sont de véritables statues de terre glaise où tout a la même couleur, tête, armes et corps. on se demande où la nature humaine puise l'énergie et la force de résister à une vie pareille.» Ces misères n'entament pas l'optimisme de Pierre qui fait parfois de l'humour. «Mes tranchées sont entre trois et quatre cents mètres des Allemands. On s'envoie des injures dont Homère rougirait et des invites à se rendre, conçues en termes appréciables. Dire qu'il y a des gens qui trouvent l'existence monotone et sans imprévu ! Je leur proposerais volontiers une cure d'air à mes côtés, il y a encore dans les bois de la fougère pour faire un lit moelleux et notre administration pourvoirait à leur donner une nourriture abondante, sinon très variée.» Mais la vie au front le désole. Dans la dernière qu'il écrit, il se lamente : «L'humanité qui nous entoure est terre à terre (sans aucun jeu de mot). On pense à manger, à dormir, à être autant que possible au chaud et au sec, à ne pas recevoir de mauvais coups, mais à en donner à ceux qui sont devant nous. Ce n'est plus de la vie, c'est de l'animalité, où l'instinct irréfléchi a remplacé l'intelligence. Alors, on est tout surpris quand la conversation ayant dévié sur un mot, on se surprend à discuter pendant une heure d'art, de musique ou de philosophie. Et puis, brusquement, on retombe à l'âge de la pierre.» Le 8 janvier 1915, l'armée allemande investit le ravin de Meurissons où se trouve cantonné le régiment de Pierre. Le colonel, le commandant et le capitaine ayant été tués, par un tireur allemand, monté sur un arbre, le commandement revient à Pierre Monnier. Celui-ci s'élance à la tête de ses hommes. Le tireur l'aperçoit, vise et tire. Le jeune homme s'écroule. La balle l'a atteint en plein cœur. (à suivre...)