Spiritisme n Au cours d'une offensive à la baïonnette, Pierre Monnier est blessé. On veut l'évacuer mais il refuse : il reste parmi ses hommes jusqu'à la fin de l'engagement. Au cours de la première guerre mondiale, le spiritisme, dont l'intérêt commençait à diminuer au début du XXe siècle, retrouve son dynamisme. Pour de nombreuses familles, la doctrine va entretenir l'espoir d'entrer en communication avec les victimes du conflit, soldats et civiles, qui tombaient quotidiennement par milliers… C'est durant cette période que se situent les histoires que nous allons raconter. Commençons par l'histoire très connue de Pierre Monnier. Pierre Monnier, né en 1891, est issu d'une famille française protestante et compte, parmi ses aïeux, de prestigieux personnages, dont les maréchaux Ney et Molitor. La fortune de ses parents va lui permettre de fréquenter les meilleurs établissements scolaires. Il passe simultanément les baccalauréats en latin-sciences et en latin-langues et les obtient avec mention et, l'année suivante, il passe le baccalauréat en philosophie. Il s'inscrit à l'université et fait de hautes études commerciales et en droit. Des études qui devaient le préparer à prendre en charge les affaires de son père. Pierre Monnier est fils unique : l'affection de ses parents s'est toujours portée sur lui. le jeune garçon, puis le jeune homme, a été élevé dans une ambiance religieuse. Sa mère, dont le père a été pasteur, lui faisait lire la Bible tous les soirs, elle tenait aussi qu'on récite des prières à chaque repas. Mais cette religiosité n'était pas de la bigoterie : Pierre jouissait de toute sa liberté et sa mère, elle-même, n'avait rien d'une puritaine. Elle est toujours gaie, elle aime rire, elle monte à cheval, elle accompagne souvent son mari dans ses déplacements commerciaux, aussi bien en France qu'à l'étranger. Elle a déjà visité plusieurs pays d'Europe et reçoit ses amis, organisant des réceptions, dans son domaine de La Presle, dans l'Allier. Quant à Pierre, il a eu une enfance et une adolescence heureuses. Il n'a jamais manqué de rien et il est promis à un avenir radieux… Tout va bien donc, lorsque la première guerre mondiale éclate. Il faisait alors son service militaire. Il était sous-lieutenant de réserve au 46e Régiment d'infanterie, qui se trouvait à ce moment-là, à Fontainebleau. C'est de là qu'il écrit à ses parents. «Mes chers parents, mon devoir patriotique m'appelle. De Fontainebleau, d'où je vous écris, je dois partir pour le front.» Il part, en effet. A la fin du mois d'août 1914, commence la retraite de l'armée française. Il participe aux violents combats et, au cours d'une offensive à la baïonnette, il est blessé. On veut l'évacuer mais il refuse : il reste parmi ses hommes jusqu'à la fin de l'engagement. Il s'est presque vidé de son sang et c'est un moribond qu'on ramène à Paris. Sa mère, qui s'est engagée comme infirmière volontaire, le reçoit dans son hôpital. Elle manque de s'évanouir, en le reconnaissant. — maman, dit-il, je ne suis pas le seul à être blessé ! Elle le soigne et veut se consacrer exclusivement à lui, mais lui, refuse. — il y a les autres ! Leurs mères ne sont pas là pour s'occuper d'eux ! Elle lui dit : — tu vas bénéficier d'un congé, tu rentreras à la maison et tu pourras te reposer ! (à suivre...)