Dans la tradition, les personnes pieuses, notamment lorsqu'elles sont âgées, se préparent à la mort. elles multiplient les dévotions (prières, jeûnes volontaires), aumônes… Certaines font tout pour rattraper les actes religieux manqués : ainsi, on fait les prières qu'on n'a pas faites dans sa jeunesse, on rattrape les journées de jeûne non observées, en appliquant la kufara (expiation). Les mêmes personnes pensent que les maladies qui les affectent ne sont qu'une forme d'expiation des péchés. Un proverbe kabyle dit même que «la maladie est la dîme de la santé», c'est-à-dire l'impôt que l'on doit payer, en remerciement de la santé dont on a joui durant sa jeunesse. Quand une personne est au plus mal, il n'est pas rare qu'elle convoque tous les parents et tous les amis pour faire ses adieux. C'est aussi l'occasion de demander pardon pour les offenses qu'on a pu commettre et pour pardonner celles qu'on a reçues. C'est aussi le moment des réconciliations. Tel parent avec lequel on est brouillé, parfois depuis de nombreuses années, est appelé au chevet du moribond : c'est alors un moment émouvant de retrouvailles où chacun reconnaît ses torts et demande pardon. Des familles, jusque-là fâchées, se réconcilient. La mort, en séparant les gens, les réunit pour une dernière fois.