Terminologie n Si la contrebande est une pratique aussi vieille que le monde, le mot trabendo, n'est pas pour autant, nouveau. Historiquement le vocable est né au port d'Oran où 70% des travailleurs étaient des catalans. Etait considéré comme trabendo à l'époque, tout ce qui sortait ou entrait dans l'enceinte portuaire sans papier ni autorisation de la douane. Et sur ce plan, les ouvriers espagnols, dockers, manutentionnaires ou hommes de peine montreront aux indigènes toute la mesure de «leur talent». Rien n'échappera à leur rapine : cigarettes, chewing-gums, parfums, boissons alcoolisées, change de devises avec les marins de passage. Et d'où pouvaient venir toutes ces marchandises qui seront revendues au prix cher et qui feront des fortunes ? Des sacs entreposés sur les quais, un petit trou dans l'un, un deuxième dans un autre, sept jours sur sept et les dockers avaient au bout de la semaine leur «tchipa», ce qui veut dire, leur part. Légale ou illégale, la pratique était courante, admise et même tolérée. Cela entrait dans les mœurs. Mais la «tchipa» que les Algériens amélioreront au fur et à mesure du temps, n'a rien à voir avec le trabendo. Le trabendo était initialement la rétention au port et la vente hors du port de tous les produits prohibés comme le whisky ou les cigarettes américaines. Et même là, les français ont essayé de limiter les dégâts en permettant à leurs douaniers d'avoir de grandes poches sur leur manteau réglementaire. A la première grève sérieuse de ces douaniers qui menaçaient au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l'activité des ports, ordre leur fut donné de découdre… leurs grandes poches. Quant au trabendo frontalier, entre le Maroc et l'Algérie, il se limitait, le plus souvent, à quelques marchandises en toc, des djebbas du rif très demandées dans la région de Tlemcen et, bien sûr, quelques morceaux de kif pour des consommateurs bien ciblés. Cette drogue, à l'époque, n'avait pas encore atteint la dimension planétaire que nous lui connaissons aujourd'hui. Les premiers contrebandiers dans cette partie de la bande frontalière ne faisaient passer en Algérie, autant que l'on s'en souvienne, que des tissus, du linge pour femmes, des souliers et rarement les boissons alcoolisées. Ces marchandises étaient souvent transportées à dos d'âne ou de mulet et les makhzen étaient largement arrosés à l'occasion. La ville de Maghnia avait fini par devenir un gros marché de surplus marocains. Le plus drôle est que ces produits pourtant prohibés étaient exposés et vendus sur les trottoirs en plein jour et devant la maréchaussée. Et curieusement, c'est à la sortie de la ville que les douaniers dressaient les barrages… Une autre ville prendra plus tard le relais de Maghnia : Zouia. Elle fera courir des milliers de citoyens toujours à l'affût d'une bonne affaire. La fermeture actuellement des frontières a changé toutes les donnes. Même les voitures ! l Il existe une autre contrebande dont notre pays est victime. Elle est nouvelle et encore très peu connue, du moins dans sa complexité : celle des voitures. Des voitures volées en Europe, dont on change le numéro de châssis et dont on falsifie complètement l'origine et la provenance. Des réseaux entiers ont investi cette filière, à l'évidence très juteuse. Une fois de plus, la frontière avec le Maroc est la source de ce trafic qui prend à nouveau de l'ampleur.