Alerte Les pratiques commerciales loyales d?antan ne sont plus de mise aujourd?hui. Le trabendo est passé par là et les a enterrées. Le commerce parallèle, plus connu sous le vocable de «trabendo» est, depuis des années, un des paramètres dont il faut tenir compte, dans toute analyse de la situation économique du pays. En effet, autant un tour dans les rues et ruelles des grandes villes algériennes que les statistiques officielles intègrent désormais cet épiphénomène dans leurs études, investigations et autres enquêtes de prospectives. Ainsi, le tout récent rapport de conjoncture du Cnes consacré au volet relatif à l?économie informelle est plus qu?alarmant. L?organisme de surveillance de la conjoncture économique et sociale relève que le manque de rigueur dans l?application de la loi et le laxisme qui entoure son exécution «encouragent les comportements illégaux des acteurs économiques et conduisent à une triple conséquence, à savoir, la croissance des infractions économiques avec son lot de manque à gagner au plan fiscal et social, la perte des parts de marché pour la production nationale et enfin les manifestations violentes des travailleurs exploités et des exclus du travail». Chiffres à l?appui, le document de l?institution de Mohamed Salah Mentouri, signale : 5 500 sociétés privées de commerce de gros, 35 000 importateurs en activité dont 15 000 activent avec des registres du commerce loués, 850 000 commerçants exerçant dans l?informel, 700 marchés illégaux qui emploient quelque 100 000 personnes, 100 000 revendeurs de tabacs enregistrés. Plus graves encore, selon le Cnes, les dégâts du phénomène ont même débordé sur les règles de l?éthique commerciale à travers la concurrence déloyale et l?évasion fiscale et sur les valeurs fondamentales de la vie en société. En outre, selon ce rapport, le mal causé par la fraude fiscale engendrée par cette forme d?économie s?est même traduit dans l?opinion nationale «par un sentiment de démission, de défiance à l?égard des institutions et d?une altération prononcée du crédit de l?Etat». C?est qu?en termes de valeurs, le trabendo et le business commercial sont devenus un modèle de réussite loué par la société, en dépit du fait que leurs acteurs activent dans cette sphère d?illégalité absolue. Et pour cause ! ils brassent de véritables fortunes sous les yeux d?une population de plus en plus démunie.