Rappel n Oujda, au fil du temps, deviendra un immense marché à ciel ouvert où nos concitoyens échangeaient pour trois fois rien leurs dinars en dirhams. Avant la fermeture des frontières avec le Maroc et la libéralisation de notre marché, le royaume chérifien était pour tous les Algériens une destination connue. Et même très connue. Et que pouvaient trouver nos compatriotes à Oujda, première étape de leur séjour dans le Nador ? Pratiquement tout ce qu'on ne trouvait pas dans nos étals et la liste était plutôt longue. Les boissons coca-Cola et Fanta, les lessives françaises telles que Mir, M. Propre, Ariel, tous les fruits exotiques venant d'Amérique centrale ou d'Afrique comme les bananes, les avocats, les ananas, les médicaments de confort, les pièces détachées, la layette pour bébé, les vêtements griffés, les fromages introuvables dans nos épiceries les plus fines, le roquefort, entre autres, et le Brie. Oujda, au fil du temps, deviendra un immense marché à ciel ouvert où nos concitoyens échangeaient pour trois fois rien leurs dinars en dirhams. Par la même occasion, ils faisaient travailler les commerces, les restaurants, les hôtels, les transports… et même dans certains cas… les talebs. Et les Algériens restés au pays ? Il y en avait bien sûr pour eux aussi, par le biais des cabas passés illégalement à travers les frontières. C'est d'ailleurs comme cela que le petit trabendiste a commencé. Il y avait tellement de choses que les Algériens voulaient acquérir. Ils avaient la nette impression que leur pouvoir d'achat ne correspondait pas du tout à l'offre du marché. Ce qui était exact. Ce petit trafic occasionnel qui consistait à passer sous le manteau une douzaine de djebbas ou quelques costumes de marque, prendra fin avec la fermeture définitive de la frontière et surtout l'ouverture de notre marché aux produits de l'extérieur. Tout ce qui est proposé en Europe et dans les pays de l'Union européenne est aujourd'hui vendu chez nous, partout, à travers toutes les villes. Nos marchés, aujourd'hui surachalandés n'ont rien à envier à ceux d'Oujda ou de n'importe quelle cité marocaine. Puisqu'ils ont tout à portée de main, en plus d'une frontière lourdement fermée, les consommateurs algériens n'ont, dès lors, plus rien à lorgner du côté marocain. Ce serait même plutôt le contraire dans la mesure où ce sont les consommateurs marocains qui n'arrêtaient pas de lorgner de notre côté. La preuve : nos produits manufacturés ou soutenus, notre carburant, nos dattes et nos moutons attirent de plus en plus les trafiquants marocains car le Nador n'a plus rien à offrir aux Algériens. Et c'est précisément ce genre de contrebande qui mine aujourd'hui nos frontières. Le Nador est tellement sinistre aujourd'hui que même des «Nadoriens» sans travail et sans revenu fixe, s'expatrient clandestinement pour proposer leur force de travail chez nous.