Résumé de la 42e partie n Edna Brent, intriguée par certaines dépositions, demande à voir l'inspecteur Hardcastle... Je vis Sheila Webb s'esquiver du prétoire. Sa déposition m'avait paru très claire. Dite d'une voix un peu nerveuse, mais quoi de plus naturel ? (Comme dirait Beck : «Quel beau talent d'actrice ! J'aurais juré l'entendre.») J'assistai au coup de théâtre du doc-teur Rigg - bien qu'il fût sans doute au courant, Dick Hardcastle ne m'avait pas averti - puis, je la suivis. — Alors, ça n'a pas été aussi terrible que ça ? dis-je, une fois à sa hauteur. — Non, très simple, au contraire. Le procureur m'a paru très gentil. (Elle hésita, puis :) Et maintenant qu'est-ce qui va se passer ? — On remettra l'audience à plus, tard, en attendant d'autres témoignages. A une quinzaine de jours environ, ou jusqu'à ce que le mort soit identifié. — Croyez-vous qu'on y arrivera ? — Oh ! oui, il n'y a pas de question. — Qu'il fait froid aujourd'hui ! dit-elle frissonnante. Ce qui était faux ; en fait, il faisait presque chaud. — Que diriez-vous de déjeuner tout de suite ? Vous ne rentrez pas avant 14 heures à votre bureau ? — Oui, pas avant. — Alors, venez. Aimez-vous la cuisine chinoise ? Au bout de cette rue, il me semble apercevoir un petit restaurant chinois. — Non, sincèrement. J'ai des courses à faire. — Eh bien, faites-les après. — Impossible : beaucoup de magasins ferment entre une heure et deux heures. — Bon. Rendez-vous là-bas d'ici une demi-heure. D'accord ? Elle accepta. A l'abri du vent, j'allais m'asseoir au bord de la mer, à moi seule à cette heure. Je voulais réfléchir. C'est toujours rageant de penser que des gens en savent plus long sur vous que vous-mêmes. Et pourtant Hardcastle, Poirot et le vieux Beck avaient tous vu clairement ce que, moi, j'étais bien forcé d'admettre maintenant. Que cette fille ne m'était pas indifférente ; que j'y tenais comme jamais à aucune autre fille auparavant. Ce n'était pas pour sa beauté : elle était jolie, avait du type, mais sans plus. Ni pour son sex-appeal - je n'étais pas né de la dernière pluie. On m'avait joué toute la gamme. Mais dès le premier instant, la connaissant à peine, j'avais compris qu'elle elle était pour moi. Peu après 14 heures, j'entrais au poste de police voir Dick, que je trouvais à son bureau en train de feuilleter un tas de paperasses. Levant les yeux, il me demanda ce que j'avais pensé de l'instruction. — Très bien menée et avec beaucoup de doigté, lui dis-je. — Nous savons y faire ; c'est une de nos spécialités nationales. Qu'as-tu pensé du rapport médical ? — Une véritable bombe. Pourquoi ne m'avoir pas prévenu ? — Tu étais parti. As-tu consulté ton spécialiste ? — Oui, bien sûr. (à suivre...)