Le champion cycliste italien Marco Pantani, décédé samedi, avait écrit un texte dans lequel il se dit «humilié» par le traitement qu'il a subi après avoir été soupçonné de dopage et fait allusion à ses problèmes avec la drogue. Ce texte, griffonné sur les pages intérieures de son passeport, raturé et parfois incohérent, a été lu lors des obsèques du champion, hier, mercredi, à Cesenatico par Manuela Ronchi, son ancien manageur. En voici les principaux extraits : «J'ai été humilié pour rien. Pendant quatre ans, j'ai été traîné dans tous les tribunaux. J'ai seulement perdu l'envie d'être comme les autres sportifs. Le cyclisme a payé cher et beaucoup de jeunes ont perdu espoir en la justice. Moi, je me fais mal en écrivant ces vérités sur mon passeport, pour que le monde se rende compte que tous mes collègues ont subi des humiliations, jusque dans leur chambre avec des caméras cachées, pour détruire des familles. Ensuite, comment éviter de se faire du mal (...) Je sais que j'ai commis des erreurs, mais seulement quand ma vie sportive et surtout ma vie privée ont été violées. J'ai beaucoup perdu. Je suis dans ce pays avec l'envie de dire que la victoire est un grand objectif pour un sportif. Mais le plus difficile est d'avoir donné son c?ur pour un sport avec son lot d'accidents et de blessures. Et je me suis toujours relevé. Une chose demeure, tant de tristesse et de rage, pour les violences de la justice (...) Mon histoire, j'espère, servira d'exemple pour les autres sports. Des règles oui, mais égales pour tous. Il n'existe pas de métier où il faille donner son sang pour l'exercer (...) Il y a beaucoup de familles dont l'intimité a été violée. Allez donc voir ce qu'est un cycliste et combien d'hommes sombrent dans une tristesse torride en cherchant à rattraper leurs rêves d'homme et qui se brisent dans les drogues (...) Ce document est la vérité, mon espoir est qu'un homme vrai ou une femme le lise et défende le principe de règles qui soient les mêmes pour tous les sportifs. Je ne suis pas un menteur. Je suis blessé et tous les jeunes qui croyaient en moi doivent s'exprimer. Ciao Marco.»