Mœurs n A «Oum Eddounia» rien ne s'obtient gratuitement, tout est lié au bakchich qui est devenu une véritable institution.Tout le monde se sert et tout le monde arrose tout le monde. Connaissez-vous «Oum Eddounia» c'est-à-dire Le Caire ? Probablement pas. Vous n'avez rien perdu à l'évidence. C'est une ville immense, tentaculaire qui ne sait plus où s'étendre. Sale, déguenillée. Exception faite de ses quartiers chic. Elle est aussi polluée que Mexico mais infernale à vivre et difficilement supportable. ça pétarade toute la journée, ça klaxonne du matin au soir. Impossible de dormir ni même de trouver le sommeil. Les bus sont surchargés et débordent tellement de leurs passagers qu'ils ressemblent à des grappes humaines ambulantes. C'est le paradis des pickpockets et des arnaques en tous genres. Normal dans une mégapole où les habitants s'entassent. Car selon les dernières statistiques, quelque 24 millions de personnes vivent au Caire. Il n'y a plus de place pour vivre ou pour travailler au point que des fonctionnaires bossent carrément sur les trottoirs, n'ayant pas de toit sur la tête, des Cairotes ont investi jusqu'aux cimetières. Il ne s'agit pas de cas isolés mais de 10% de l'agglomération du Caire. Autrement dit plus de deux millions de personnes habitent des cimetières. Ici, au milieu des morts la vie est organisée par «quartiers». Le locataire demande l'autorisation de la famille du défunt pour s'installer avec ses enfants et ensuite payer une espèce de dîme aux gardiens des lieux qui jouent le rôle de concierge et de logeuse. A «Oum Eddounia» rien ne s'obtient gratuitement tout est lié au bakchich qui est devenu une véritable institution. Tout le monde se sert et tout le monde arrose tout le monde. Une anecdote qui montre jusqu'à quel point le pays est gangrené par la corruption et qui en dit long sur l'état d'esprit des Egyptiens. En 2007, en période de pèlerinage, le chauffeur d'un bus d'origine égyptienne a carrément garé son véhicule à l'entrée de La Mecque et a demandé ouvertement aux passagers un bakchich collectif s'ils voulaient qu'il les dépose au centre-ville. Quant à la danse du ventre que l'on croyait réservée uniquement aux caméras de tournage, elle est présente à toutes les fêtes et à toutes les cérémonies, tous les jours, sept jours sur sept. Baptèmes, mariages, fiançailles, la danse du ventre n'est jamais absente elle est même le clou de la fête. Une récente loi qui l'interdit (sauf autorisation exceptionnelle) n'a fait que dévoyer le problème puisque les danseuses se sont tout simplement tournées vers la prostitution clandestine. Certaines vedettes du cinéma qui sont devenues presque des stars, proposent, semble-t-il, leurs faveurs par le biais d'agences spécialisées à plusieurs milliards de dollars. Mais cela est une autre histoire. Comme toutes les histoires d'Oum Eddounia».