Le général-major déchire le «voile» entretenu jusque-là, par les autorités égyptiennes autour du martyre des soldats algériens sur le sol de Oum Eddounia. Sur le front égyptien, la 2e Brigade portée algérienne 1968-1969, est le titre du nouveau roman du général en retraite Khaled Nezzar, qui a animé une conférence de presse hier dans l'après-midi au siège d'Alpha Design, éditrice de ce livre au niveau de la Safex à Alger. «Pourquoi ce livre dans ces moments exacts?», s'est questionné le conférencier avant même que les journalistes le fassent. Car cette publication s'inscrit dans un contexte particulier. C'est celui de la crise diplomatique algéro-égyptienne provoquée par la double confrontation entre les Fennecs et les Pharaons. Pour rappel, quelques têtes de la «Noukhba», avaient poussé l'indécence jusqu'à porter atteinte aux symboles de la nation algérienne. A cela s'ajoute l'amnésie entretenue par les autorités égyptiennes autour du martyre des Algériens sur le sol égyptien. 20.000 soldats, officiers, sous-officiers et hommes de troupe, issus en majorité des rangs de l'Armée de libération nationale (ALN), ont séjourné sur le front de 1967 à 1971 et de 1973 à 1975. Au cours de ces années, des centaines de chars, de canons, d'engins et de véhicules de combat, et près d'une centaine d'avions furent cédés gratuitement à l'Egypte, alors que d'autres unités de chars et d'avions y séjourneront de 1973 à 1975. «Plus de 100 combattants de tous grades tomberont au champ d'honneur, pour la plupart rescapés des maquis de l'immense et noble Révolution algérienne. Ce chiffre, s'il peut paraître peu élevé comparativement aux pertes lors d'une guerre frontale, ne se situe pas moins dans la norme s'agissant d'une guerre d'usure», se souvient le général en retraite. Preuve en est, les musées égyptiens ne gardent aucun témoignage historique sur la participation militaire active de l'Algérie dans ce conflit. «En visite dans un musée du Caire consacré aux différentes guerres israélo-égyptiennes, un de mes amis a noté qu'aucune pancarte ni même une simple allusion n'est faite à la participation de la partie algérienne à ce conflit», a souligné notre interlocuteur. En guise de réplique à l'ingratitude de cette prétendue «Noukhba», le général en retraite veut combattre l'amnésie égyptienne avec ce nouveau-né, apportant ainsi, un éclairage sur l'effort soutenu et consenti par l'Algérie pour venir en aide à ce pays tout au long des guerres de 1967 et 1973, à la charge pleine et entière de l'Algérie. «Toutes ces raisons m'ont amené à changer d'avis et à tout consigner dans un livre, pour l'histoire de demain. Car, par le passé, j'ai hésité à étaler mes souvenirs dans un recueil, excepté la publication d'une partie de mes mémoires dans deux quotidiens nationaux», a-t-il fait savoir. Ainsi, l'ouvrage du général se veut une digression dans l'histoire contemporaine des conflits arabo-israéliens. De ce fait, il met à terre la politique égocentrique de l'Egypte. En effet, «Misr Oum Eddounia» s'est enlisée dans une démarche frisant le paternalisme sur les questions liées au monde arabe. Laquelle démarche a provoqué «la dévalorisation des réunions au Sommet des chefs d'Etat de la Ligue arabe, l'impossibilité pour cette dernière d'apporter des solutions arabes à des problèmes interarabes, de réussir à faire converger leurs visions sur les relations arabes avec Israël, des Etats au bord de la désintégration, suite au réveil de certains clivages confessionnels et identitaires là où il n'existe pas d'identités collectives et intégrantes, des alignements sur des puissances étrangères perçus comme pouvant garantir la stabilité des pays et des régimes en insuffisance de légitimité.» Donc, la parution de ce livre maintenant, vise la redéfinition des liens entre les pays arabes. De même, cette publication a pour ambition d'ouvrir, en Algérie, un débat portant sur des choix à faire entre des espaces géopolitiques auxquels il faudra s'arrimer.