Portrait n Aziz Chouaki ou le serment des oranges, un film documentaire de Lamine Ammar Khodja, a été projeté, hier, au Centre culturel français d'Alger. Dans ce film, son premier, le réalisateur met en scène le personnage d'Aziz Chouaki, musicien, romancier et auteur de théâtre. Ce dernier (le protagoniste) nous livre, tout au long du film, «un regard partagé par beaucoup d'hommes et de femmes de sa génération sur une Algérie toujours en mutation et sur sa jeunesse». Le film qui tente de nous faire découvrir l'univers de cet auteur, qui, selon le réalisateur, «sait s'adresser aux jeunes», nous raconte le protagoniste, notamment sa jeunesse marquée par une passion, celle portée sur la musique. «Le premier amour de Chouaki est la musique», souligne le narrateur. Sur ce, Karim Ziad, musicien, a évoqué sa relation avec Aziz Chouaki, tout en rappelant que les années 1980 ont été l'âge d'or de la musique en Algérie, avec l'émergence de groupes et de styles musicaux. Karim Ziad expliquera, en outre, qu'Aziz Chouaki a tenté de «déghettoïser» la musique, notamment le raï. L'autre passion qui a marqué la jeunesse d'Aziz Chouaki, ce sont les mots. Ainsi, au fil des scènes, et notamment du témoignage porté par Aziz Chouaki, on apprend que le protagoniste était prédestiné plutôt à une autre carrière, celle de l'écriture – littéraire et théâtrale. Mais Aziz Chouaki semble ne pas avoir renoncé à ses premières amours : la musique. Puisque celle-ci est présente dans le travail littéraire et dramaturgique de l'auteur. Christiane Chaulet Achour, universitaire qui a témoigné dans le film, dira : «La musique est bien présente ; c'est elle qui rythme son écriture, déjà chargée de violence et de colère.» Le film Aziz Chouaki ou le serment des oranges restitue alors le portrait de l'ancien musicien algérien de rock devenu, plus tard, poète, écrivain, journaliste et dramaturge. Le film nous renvoie, par ailleurs et par la même occasion, à une Algérie d'aujourd'hui avec ses maux et ses défauts, ses drames et ses espoirs avortés. Ainsi, et parallèlement au parcours d'Aziz Chouaki, le réalisateur nous dépeint le portrait des jeunes «Algérois». Une jeunesse en déconfiture, tourmentée. Une jeunesse désemparée, désenchantée, perdue… Entre un Aziz Chouaki qui narre son parcours, Lamine Ammar Khodja filme un échantillon de cette jeunesse algérienne avec tout ce qu'elle comporte comme traits et langages spécifiques, trahissant un désespoir profond. L'Algérie et ses périodes clés sont alors évoquées dans ce film comme le terrorisme. Le film met en comparaison la jeunesse algérienne des années 1980, et cela à travers les témoignages et les souvenirs d'Aziz Chouaki, et la jeunesse actuelle qui est dite par la voix de ces jeunes présentés dans le documentaire. La première espérait l'avenir et y aspirait, alors que la seconde, elle, ne semble rien attendre du lendemain. Et à travers celle-ci, c'est l'Algérie d'aujourd'hui qui est décrite avec ses drames et ses difficultés à sortir d'une violence interne que tous pourtant rêvent de voir révolue. Aziz Chouaki est l'auteur de L'Etoile d'Alger, un roman qui a motivé Lamine Ammar Khodja, ce jeune réalisateur, amateur et passionné de l'image, à aller sur les traces du romancier. C'est ainsi donc qu'a commencé l'aventure du documentaire. Aziz Chouaki est aussi l'auteur de Les Oranges dont le réalisateur s'est inspiré pour le titre de son film. Un livre poignant et tonique sur l'Algérie d'aujourd'hui, avec ses drames, ses violences et ses contradictions.