Quand il était jeune étudiant à Béjaïa, Sidi Ahmed Benyoucef, le saint patron de Miliana, faisait preuve d'un extraordinaire don de perception extrasensorielle : il pouvait voir ce qui se passait à des centaines de kilomètres de distance. Un jour, il était en compagnie de son maître, le mystique Zarrouq al-Barnousi, qui se demandait avec nostalgie ce que, à ce moment-là, faisaient sa femme et son fils qui étaient très loin de là, dans la ville de Fès, au Maroc. Ahmed Benyoucef ferme alors les yeux et dit : «Ton fils est dans sa chambre et ta femme le coiffe. Elle lui a fait des tresses et lui place un ruban de soie sur la nuque, un ruban avec un pompon.» Plus tard, un voyageur, venant de Fès et qui a vu la femme et le fils de Zarrouq confirme ces détails. Dans un autre récit, le même saint intervient même à distance, pour secourir un homme en détresse. Un homme, venant d'Alger, traverse un affluent du Chélif en crue. Il est sur le point d'être emporté par les flots quand il invoque le cheikh. Aussitôt un pont apparaît et il peut traverser le fleuve sans danger. Le lendemain, le voyageur va trouver le saint et lui raconte ce qui s'est passé : «Le pont, dit-il, c'est moi !» Sa femme, Setti, rapporte que ce soir-là, il était tout mouillé et qu'il avait dû garder le lit pour ne pas attraper froid !