Résumé de la 2e partie Les origines et la naissance de Sidi Ahmed Benyoucef, saint patron de Miliana, sont entourées de légendes. Ses biographes le représentent comme un homme grand de taille, avec une longue barbe qu?il tressait et qu?il dénouait quand il était irrité. Contrairement à beaucoup de saints qui prêchaient la sobriété et la réserve, Sidi Ahmed Benyoucef était un homme jovial, qui appréciait les bonnes choses et qui aimait jouir de la vie. Il portait un turban, une djellaba et un burnous blancs ; il aimait s?asseoir sur les beaux tapis et appréciait les lits douillets. Il aimait également la bonne nourriture et il se plaisait à dire : «Mes disciples doivent bien se nourrir : ils doivent être comme la cornemuse qui ne résonne (c?est-à-dire qui ne loue Dieu) que lorsqu?elle est pleine !» Il s?opposait ainsi à un autre saint, Sidi Boumedienne qui, lui, recommandait à ses disciples de se priver de tout et d?être maigres comme des flageolets pour glorifier le nom de Dieu ! Cet amour des choses terrestres ne l?a pas empêché d?être un saint comme les autres, c?est-à-dire humble et modeste. C?est ainsi que, selon ses biographes, il a adressé un jour cette prière à Dieu : «Dieu, je voudrais que tu me rendes comme le parterre que foulent le musulman et le non-musulman.» Ahmed Benyoucef a eu plusieurs épouses. On en cite au moins quatre dont on connaît les noms : Setti, Kalila, Aïcha et Khadidja. Il venait juste de rentrer de Béjaïa où il avait poursuivi ses études quand il a fait le projet de se marier avec une jeune fille dont le père, un certain Amr Ben Ali Al-Machrafi, repousse la demande. Le prétexte est que le jeune homme est un déviant et qu?il répand des doctrines contraires à la religion. En fait, il était jaloux de Ahmed qui commençait à faire parler de lui et comme lui-même se disait saint, il avait peur qu?il lui porte ombrage. Amr projette même de l?assassiner puis, pour le décourager, il lui envoie deux notables pour formuler ses exigences en matière de dot : 100 pièces d?or, deux mules et deux servantes, alors que le jeune homme n?avait rien. Mais il parvient à convaincre les deux émissaires de l?immensité de son savoir et ceux-ci plaident sa cause. Ahmed épouse donc Setti, qui va lui donner des enfants, notamment Mohamed Al-Seghir, surnommé Ameziane en berbère (le jeune). Avec Setti, il aurait eu également une fille appelée Aïcha qui est morte au cours d?un séjour au Sahara. On a aussi des informations sur une autre épouse d?Ahmed, Kalila. Comme le père de Setti, le père de Kalila s?oppose au mariage. Des mystiques disciples de Ahmed Benyoucef viennent le trouver et lui disent : «Comment peux-tu t?opposer à un mariage qui a été conclu dans le ciel ? ? Dans le ciel ? dit l?homme apeuré. ? Oui, c?est Dieu le Très-Haut qui a décidé d?accorder la main de ta fille à Ahmed Benyoucef, en présence de l?Ange Gabriel, du Prophète Mohamed et des quatre califes éclairés, Abu Bakr, Omar, Athman et Ali !» Comme il ne pouvait s?opposer à Dieu ni contester les dires de ces illustres témoins, le père ne put qu?accepter l?union ! (à suivre...)