Résumé de la 48e partie n Ali fait comme sa mère le lui a recommandé : il saute sur l'ogresse, déchire sa robe, sort son sein et le suce, comme s'il la tétait. Elle le secoue et le fait tomber. — Qu'est-ce que tu as fait, misérable ? demande-t-elle furieuse. — Je t'ai tétée, dit l'adolescent. — Tu m'as tétée, et pourquoi donc as-tu fait cela ? — C'est pour que tu deviennes ma mère ! — Mais je ne suis pas ta mère ! Ta mère, tu l'as laissée loin derrière toi ! — Tu ne m'as pas mis au monde, mais désormais, tu es ma mère ! Ma mère par le lait... et la maternité par le lait est aussi précieuse que la maternité par le sang ! L'ogresse s'approche de lui, menaçante. — Tu n'es qu'un vaurien ! Le jeune garçon a peur, mais il parvient à garder son sang-froid. — Tu es ma mère et je suis ton fils. Tu ne saurais me faire de mal et je ne saurais te faire de mal ! — Mais je veux te manger, moi ! Voilà longtemps que je désirais ta chair ! — Tu ne pourras pas ! Elle avance encore vers lui. — On n'a jamais vu une mère dévorer son fils ! — Tu n'es pas mon fils ! — Je t'ai tétée et par ce biais je suis devenu ton fils... La plus sauvage des créatures connaît cette règle : quand un enfant tète une femme, elle devient aussitôt sa mère ! Tu ne violeras pas une loi, admise par tous ? L'ogresse recule. — Non. Elle réfléchit un instant et dit. — Nous voilà donc mère et fils ! — Oui, dit le jeune homme, tu ne me feras pas de mal et je ne te ferai pas de mal ! — Alors, j'accepte. — J'ai une mère et des frères, dit le jeune homme – qui veut profiter de cet avantage – je voudrais leur rendre visite. — Non, dit l'ogresse, je suis désormais ta seule mère, tu resteras avec moi et tu m'obéiras comme un fils obéit à sa mère. — Oui, dit le jeune homme. Certes, elle ne peut pas le manger, mais elle le retient prisonnier. Quand elle doit sortir, pour chasser, elle le ligote et ne le libère que quand elle revient. Elle jette sur le sol les proies qu'elle a tuées. Il y a des animaux, mais parfois aussi des êtres humains : pauvres voyageurs égarés qu'elle a surpris ou qu'elle a enlevés, dans quelques maisons isolées. Quand il s'agit d'animaux, il s'approche et prélève un morceau. — Mange, dit l'ogresse. — Je dois d'abord cuire la viande ! (à suivre...)