Résumé de la 2e partie n Alors que Le gang de Johnny Torrio compte entre sept cents et huit cents hommes, Al Capone commence tout en bas de l'échelle… Les agents font irruption et arrêtent tous les consommateurs, y compris les deux chefs de gang. ces dernier trinquaient à la même table... Bien entendu, l'un et l'autre sont libérés au bout de quelques heures grâce aux appuis dont ils disposent. Mais Torrio ne peut pardonner le coup que lui a joué son adversaire et décide de l'éliminer. Il choisit de confier l'exécution aux frères Genna. Ils sont six, venus récemment de leur Sicile natale, mais ils se sont déjà fait une telle réputation qu'on les surnomme les «terribles Genna». Très pieux, ils ne se séparent jamais de leur crucifix, de leur chapelet et de leur revolver. L'aîné, Antonio, ne tue jamais lui-même, il laisse ce soin à ses cadets, ce qui lui vaut le surnom d'«Antonio le Gentleman». Les terribles Genna acceptent d'autant plus volontiers la mission qu'O'Banion leur avait volé personnellement 30 000 dollars de whisky. Bien entendu, l'adversaire n'est pas à sous-estimer. Ils doivent attendre une occasion favorable pour mettre toutes les chances de leur côté. Celle-ci arrive avec la mort de Mike Merlo, le président de l'Union sicilienne, la mafia de Chicago, qui vient de mourir de sa belle mort, fin octobre 1924. Le gang des Italiens décide d'acheter pour 100 000 dollars de fleurs (plus de 200 000 euros d'aujourd'hui) pour son enterrement et passe commande, comme il l'a toujours fait pour les obsèques, à la boutique d'O'Banion. Le 1er novembre, jour de la Toussaint et veille de l'enterrement, O'Banion est dans son arrière-boutique, son tablier bleu sur lui et son sécateur à la main. Une grosse voiture noire s'arrête devant le magasin et stationne, moteur en marche. Trois hommes en descendent, tandis que le quatrième reste au volant. O'Banion reconnaît Mike Genna, en compagnie de John Scalise et Albert Anselmi, les deux plus redoutables tueurs de Johnny Torrio, les deux plus consciencieux aussi, qui enduisent leurs balles d'ail pour qu'elles provoquent la gangrène, si par hasard ils manquaient leur coup... En les voyant, O'Banion ne s'inquiète pourtant pas. Pour les funérailles du chef de la Mafia, il y a une trêve tacite. Il va vers eux la main tendue : — Salut, les gars ! Vous venez pour les fleurs de Merlo ? Mike Genna prend sa main droite dans la sienne, la garde pour l'empêcher de dégainer et les deux autres font feu. O'Banion reçoit deux balles dans le poumon droit, deux dans la gorge et une dans la joue droite. Mike Genna le lâche alors et lui donne le coup de grâce dans la tempe gauche, à la manière sicilienne. O'Banion sera enterré deux jours après Mike Merlo, de manière plus fastueuse encore : un cercueil en bronze et argent de 10 000 dollars, 50 000 dollars de fleurs, trois orchestres jouant des marches funèbres et une foule de vingt mille personnes, parmi lesquelles toutes les personnalités de Chicago. Al Capone est du nombre, pleurant hypocritement «un loyal concurrent et un ami très cher». Lorsque les journalistes l'interrogent sur les soupçons qui pèsent sur lui, il rétorque avec ironie : — Décidément, on m'impute toutes les morts violentes, sauf celles de la Grande Guerre. O'Banion est immédiatement remplacé par son lieutenant, Earl Wajciechowski, un Polonais, que tout le monde appelle par commodité Earl Weiss. Il n'a que vingt-six ans. Tout aussi fervent catholique que son prédécesseur, il porte une croix autour du cou et ne se déplace jamais sans un chapelet en poche. Il voue un culte mystique à sa mère, dont il a sur lui la photo dans un médaillon. Il est de petite taille mais, à la différence d'O'Banion, possède une véritable apparence de brute. (à suivre...)