On rapporte qu'un saint, de passage à Alger, offensé par le comportement irrévérencieux de quelques malappris, est entré dans une violente querelle. «Puisque ces gens, dit-il, sont de cette ville, eh bien, que cette ville périsse !» Il agite aussitôt son turban, en direction de la colline qui se dresse au-dessus de la ville et un pan entier s'en détache, faisant un bruit d'enfer, menaçant d'écraser les maisons et les hommes. Sidi-Abderrahmane, averti du danger, lève aussitôt sa canne et le morceau de colline reprend sa place ! Mul al burhan, «celui qui possède un grand pouvoir», a ainsi réussi à sauver la ville. Mais, continue le récit, l'homme, s'étant montré irrespectueux, a été châtié. Car, l'irrespect, à l'égard des saints, ne peut être accepté ! Sidi Abderrahmane, lui-même, d'après la tradition populaire, a déjà puni des impies et des gens qui lui ont manqué de respect. Ainsi, on rapporte qu'un fois, en déplacement dans la montagne, il est surpris par le comportement immoral d'un groupe d'hommes. Il les admoneste. «Hommes, leur dit-il, revenez à la raison, sinon vous subirez sur l'heure un châtiment douloureux.» Mais ils font comme s'ils n'étaient pas là, continuant à s'amuser et à dire des insanités. Le saint lève aussitôt la main, la terre s'ouvre et engloutit les coupables.