Résumé de la 7e partie n Miss Bulstrode accueille une femme accompagnée d'un grand barbu vêtu à l'orientale. Elle l'assure que la princesse Shaista bénéficiera de toutes les attentions. Vint ensuite le tour de Mrs Upjohn et de sa fille Julia. Proche de la quarantaine, Mrs Upjohn était une femme charmante aux cheveux blonds et au visage constellé de taches de rousseur, coiffée d'un chapeau qui lui allait fort mal mais qui constituait d'évidence une concession au sérieux de l'événement, car elle faisait, à n'en pas douter, partie de celles qui sortent habituellement tête nue. Couverte elle aussi de taches de rousseur, le front intelligent, Julia arborait un air de bonne humeur. Les préliminaires furent rapidement expédiés, et Julia, par l'entremise de Margaret, fut envoyée à miss Johnson. — A bientôt, maman, dit-elle en partant. Et faites bien attention en allumant le radiateur à gaz, maintenant que je ne serai plus là pour m'en charger. Souriante, miss Bulstrode en revint à Mrs Upjohn, sans pour autant lui proposer de prendre un siège : il n'était après tout pas impossible qu'en dépit du joyeux bon sens apparent de Julia, sa mère veuille à son tour expliquer que sa fille était très nerveuse. — Y a-t-il quelque chose de particulier que vous souhaiteriez me dire en ce qui concerne Julia ? demanda-t-elle. — Oh ! non, je ne crois pas, répondit Mrs Upjohn avec entrain. Julia est une enfant très banale. Très saine, et tout ce qui s'ensuit. J'estime qu'elle a égale-ment un cerveau raisonnablement actif, mais il me semble que c'est ce que les mères pensent en général de leurs rejetons, non ? — Les mères diffèrent! laissa tomber miss Bulstrode, sombre. — C'est merveilleux pour elle d'avoir pu entrer ici, continua Mrs Upjohn. En réalité, c'est ma tante qui paie pour cela, ou qui m'aide, au moins. Je n'aurais pas pu l'envisager sinon. Mais j'en suis, vraiment enchantée. Et Julia aussi. Elle alla à la fenêtre. — Comme vous avez un beau jardin, poursuivit-elle avec envie. Et tellement bien tenu. Vous devez avoir une escouade de jardiniers. — Nous en avions trois. Mais, en ce moment, nous manquons de main-d'œuvre, à part des gens du cru. — Naturellement, approuva Mrs Upjohn, le problème, de nos jours, c'est que ce que l'on appelle un jardinier n'est, en général, pas un jardinier du tout, mais un laitier qui veut occuper ses loisirs, ou un vieillard de 80 ans au bas mot. Je pense quelquefois que... Ça par exemple ! s'écria-t-elle soudain en regardant toujours par la fenêtre. Mais c'est extraordinaire !... Miss Bulstrode accorda moins d'intérêt qu'elle n'aurait dû à cette exclamation subite. Elle-même, en cet instant précis, avait jeté un coup d'œil machinal par l'autre fenêtre, celle qui s'ouvrait sur le bosquet de rhododendrons, et elle venait de repérer un personnage des plus indésirables : rien de moins que lady Veronica Carlton-Sandways en personne, titubant le long du sentier, son chapeau de velours noir de guingois, marmonnant dans sa barbe — si tant est qu'il soit permis de s'exprimer ainsi — et, à l'évidence, dans un état d'ivresse avancée. (à suivre...)