Résumé de la 6e partie n Mrs Hope parle d'emmener sa fille en vacances. Le refus de Miss Bulstrode l'énerve et lui rappelle qu'elle peut la retirer du collège… Sa main enveloppa Mrs Hope, la fit avancer, et la guida imperceptiblement vers la porte. — Réellement, ne vous inquiétez pas. Ah ! voilà Henrietta qui vous attendait. Elle lança un coup d'œil approbateur à Henrietta, charmante jeune fille, intelligente et équilibrée, qui aurait mérité une meilleure mère : — Margaret, conduisez Henrietta Hope à miss Johnson. Elle s'en revint à son salon et, quelques instants plus tard, elle devait parler français : — Mais certainement, Excellence. Votre nièce pourra suivre le cours de danses de salon modernes. Rien de plus important, du point de vue de la vie mondaine. Mais les langues étrangères, elles aussi, sont absolument nécessaires. Les visiteurs suivants furent précédés d'une telle bouffée de parfum de luxe que miss Bulstrode faillit en tomber à la renverse. «Elle doit s'en inonder d'un plein flacon tous les jours», commenta-t-elle mentalement tout en accueillant une femme à la peau sombre, merveilleu-sement habillée. — Enchantée, madame, dit-elle en français. Madame gloussa fort joliment. Le grand barbu vêtu à l'orientale s'empara de la main de miss Bulstrode et s'inclina pour la baiser. — J'ai l'honneur, annonça-t-il dans un très bon anglais, de vous amener la princesse Shaista. Miss Bulstrode savait tout de sa nouvelle élève, qui venait d'arriver d'une école installée en Suisse, mais se trouvait dans l'incertitude au sujet de celui qui l'accompagnait. «Ce n'est pas l'émir lui-même, décida-t-elle, mais probablement un ministre, ou le chargé d'affaires.» Dans le doute, elle recourut, comme d'habitude au titre d'Excellence, et l'assura que la prin-cesse Shaista bénéficierait de toutes les attentions. Shaista souriait avec politesse. Elle aussi était élégamment habillée et parfumée. Elle avait quinze ans, miss Bulstrode le savait, mais comme beaucoup de jeunes filles de la Méditerranée ou du Moyen-Orient, elle paraissait plus âgée, très mûre. Miss Bulstrode évoqua avec elle ses projets d'études et fut soulagée de voir qu'elle répondait avec vivacité, dans un anglais excellent, et sans rires niais. Son comportement soutenait favorablement la comparaison avec la gaucherie de bien des collégiennes anglaises du même âge. Miss Bulstrode avait souvent pensé qu'il serait excellent d'envoyer les jeunes filles britanniques en Orient pour y apprendre la courtoisie et les bonnes manières. Des deux côtés, on acheva d'échanger force compliments, puis le salon se vida une nouvelle fois, encore qu'il y régnât un parfum si entêtant que miss Bulstrode ouvrit en grand ses deux fenêtres pour l'aérer un peu. (à suivre...)