Illogique n Il est aberrant qu'un responsable quelconque décide, à partir de son bureau à Alger, de l'avenir d'une wilaya comme Tamanrasset dont il ne connaît que le nom ! Pour un pays aussi vaste que le nôtre, la décentralisation doit être la règle ! C'est du moins ce qu'affirment les spécialistes qui s'appuient sur l'expérience de grands pays comme les Etats-Unis d'Amérique, le Japon et le Canada. Pour eux, plus on décentralise, moins on trouve de difficultés à bien gérer l'argent public et satisfaire les besoins de la population. De l'avis de Pierre Eckly, professeur à l'université Robert-Schuman de Strasbourg, en France, qui s'exprimait lors d'un colloque international organisé en novembre 2004 par la faculté des sciences économiques de l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, la décentralisation s'impose plus que jamais pour un pays comme le nôtre. «Cela procède de l'exigence du développement local», a-t-il souligné. Pour sa part, l'actuel Premier ministre, Ahmed Ouyahia, s'exprimant lors d'un rassemblement organisé par son parti, le Rassemblement national démocratique (RND), en novembre 2007, s'est prononcé ouvertement en faveur de la décentralisation des décisions liées au développement local. Elle favorise une «association réelle» des citoyens et de leurs représentants dans la gestion des affaires locales et permet ainsi. «le retour de la confiance du citoyen envers son Etat», a-t-il relevé. Et d'ajouter : «Le soutien accordé par l'Etat au développement local et à l'agriculture aurait gagné en efficacité si les décisions étaient prises localement, en prenant en considération les spécificités de chaque région.» Selon lui, les assemblées populaires locales doivent être dotées de plus de prérogatives pour qu'elles puissent répondre favorablement aux attentes des populations. Cet avis est partagé par bon nombre d'élus. «Le centre de décision doit être l'Assemblée populaire communale (APC) et l'Assemblée populaire de wilaya (APW)», pensent-ils. A dire vrai, il est aberrant qu'un responsable quelconque décide, à partir de son bureau à Alger, de l'avenir d'une wilaya comme Tamanrasset dont il ne connaît que le nom ! La gestion à distance est révolue. Les habitants de La Mecque sont ceux qui connaissent le mieux ses ravins, dit un dicton arabe. Ceci étant, les autorités peinent encore à trouver la bonne formule pour concrétiser sur le terrain le principe de la décentralisation. Entre régionalisation, fédéralisation, gouvernance locale et gestion de proximité, l'on hésite encore à trancher. Même les prérogatives des assemblées élues posent problème comme l'atteste le retard pris dans l'élaboration des codes communal et de wilaya.