Etrangeté n Le capitaine Briggs décide d'emmener à Gênes, sa femme Sarah et sa fille Sophie-Mathilde, âgée de deux ans. On connaît le cas de maisons, de magasins hantés et même d'hôpitaux hantés. Celui des bateaux hantés l'est moins, mais il est aussi impressionnant, surtout comme dans le cas du «Mary Cellars», où il y a eu disparition des passagers. Il est vrai que dans le cas de ce navire, toutes les hypothèses ont été proposées, allant de l'attaque des pirates à une intervention des extraterrestres, en passant par les esprits qui auraient hanté le bateau… Un long procès a été tenté aux assureurs du bateau, des accusations ont été proférés, mais la justice n'est pas arrivée à percer le mystère du «Mary Cellars» qui, plus de cent cinquante ans après son déroulement, reste entier. Tout commence en ce mois de novembre 1872. Le capitaine Briggs s'apprête à livrer, de New York à Gênes, en Italie, une cargaison d'alcool. Il travaille pour le compte de la Winchester and Co, qui a mis à sa disposition une goélette, la «Mary Cellars», et un équipage. Comme sa femme Sarah s'ennuie, il a décidé de l'emmener avec lui, ainsi que sa fille Sophie-Mathilde, âgée de deux ans. Ils laisseront leur fils Arthur, âgé de sept ans, chez ses grands-parents au Massachusetts. Sarah est très contente de faire partie du voyage. — j'ai toujours rêvé de me rendre en Europe ! — le voyage sera long… — qu'importe, ce sera pour moi comme une croisière ! — tu as raison… Le 7 novembre, le capitaine assiste au chargement de la goélette. Il y a, en tout, mille sept cents un fûts, d'une valeur totale de 42 000 dollars que le propriétaire de la compagnie a assuré pour 17 000 dollars. Des sommes importantes pour l'époque. Le jour du départ arrive. Des amis des Briggs sont venus pour leur dire au revoir. — n'oubliez pas de nous donner de vos nouvelles ! — nous vous écrirons ! Debout sur le bastingage, Sarah et sa fille regardent les quais s'éloigner. Bientôt, on ne voit plus que la mer. La petite Sophie a peur. — il n'y a que de l'eau ! Elle se serre contre sa mère. — n'aie pas peur ! — j'ai peur de tomber dans l'eau. — il ne t'arrivera rien… Elle dit aussi, à voix basse : — j'ai peur aussi de tous ces hommes… — papa et moi sommes là pour te protéger ! Elle l'emmène dans la cabine de pilotage qu'elles doivent occuper avec le capitaine. — ici, tu seras en sécurité. La cabine est assez confortable : il y a, outre le lit, une table de nuit sur laquelle sont posés des livres et une trousse. Dans un coin, il y a une écritoire et un harmonium. — si tu es sage, dit la mère, je te lirai une histoire, ce soir, avant de coucher ! La petite fille promet : — je serai sage ! (à suivre...)