Problème n Rien ne va plus entre Alger et Paris. Les relations bilatérales connaissent, depuis quelques mois, un refroidissement qui risque de durer dans le temps. Les divergences semblent trop profondes pour être aplanies facilement. Depuis l'arrivée de Nicolas Sarkozy au pouvoir en France en 2007, un certain «immobilisme» s'est installé dans les rapports entre les deux pays. Il est vrai qu'en effectuant sa première visite en Algérie en tant que Président en juillet 2007 pour présenter le projet d'Union pour la Méditerranée (UPM) au chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, Sarkozy avait clairement affiché sa volonté de donner un nouveau souffle aux relations algéro-françaises en affirmant, notamment, qu'il veut «se tourner vers l'avenir». Toutefois, l'embellie attendue n'a pas eu lieu. Bien au contraire, les rapports entre Alger et Paris se sont fortement dégradés à telle enseigne que la visite du président de la République en France en 2009 a été reportée à plusieurs reprises avant d'être tout bonnement annulée. Beaucoup de malentendus et de désaccords ont surgi entre les deux pays entre-temps. Il y a eu d'abord cet accord conclu en septembre 2007 entre le constructeur automobile Renault, dont l'Etat français détient 15% du capital il faut bien le souligner, et les autorités marocaines pour la construction d'une usine d'assemblage de voitures à Tanger. Sans l'exprimer publiquement, les autorités algériennes avaient vu en cette décision un reniement des engagements pris par Paris d'insuffler du sang neuf aux relations bilatérales. La décision de Renault était d'autant plus incompréhensible pour Alger que toutes les études effectuées jusqu'ici faisaient ressortir que le marché algérien est le plus porteur de tous au Maghreb. La brouille allait prendre des proportions autrement plus importantes avec l'arrestation, le 14 août 2008 à l'aéroport de Marseille, du diplomate algérien Mohammed Ziane Hasseni, puis sa mise sous contrôle judiciaire dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat, en avril 1987 à Paris, de l'avocat Ali Mecili. Le gouvernement algérien a été irrité au plus haut point par cette affaire. Et comme si cela ne suffisait pas, le Président français déclare en juillet 2009 qu'il veut «la vérité» au sujet de l'assassinat des sept moines de Tibehirine en mars 1996 après la déposition faite par le général à la retraite, François Buchwalter, devant la justice française et dans laquelle il mettait en cause l'Armée nationale populaire (ANP) dans la mort de ces religieux. «Les relations entre les grands pays s'établissent sur la vérité et non pas sur le mensonge», avait-il ajouté, insinuant que toute la vérité n'a pas été dite sur cette affaire. Et pour boucler la boucle, son ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, révèle, fin décembre dernier, que l'Algérie, avec six autres pays, faisait l'objet depuis des mois de mesures restrictives s'agissant de l'entrée de ses ressortissants en France. Depuis, un vent «glacial» souffle sur les relations algéro-françaises, déjà fragilisées par le passé colonial de la France en Algérie.