Après trois visites de travail et d'inspection à l'intérieur du pays, Abdelaziz Bouteflika reprend une activité internationale quelque peu soutenue. Ce qui donne par là même une certaine visibilité à son agenda sur les prochaines semaines. Entre les arrivées et les départs programmés, c'est un mois de juin et un début de juillet placés sous le signe des relations extérieures. Un plan de travail présidentiel assez chargé qui confère, du moins en apparence, une certaine lisibilité à court terme. Après Annaba, Blida et Chlef, l'international, cheval de bataille du chef de l'Etat depuis 1999, connaît ces derniers jours un regain d'activité et de déplacements, surtout, qui coïncident avec la vague incessante de questionnements sur son état de santé, ou sur l'absence d'un agenda présidentiel tel que connu par le passé. Alors que Laszlo Solyom, le président hongrois achève sa visite officielle en Algérie, c'est un autre chef d'Etat étranger, celui de la République du Nicaragua, qui est l'hôte de l'Algérie depuis hier. Daniel Jose Ortega Saavepra effectue une visite officielle de deux jours sur invitation du président de la République. Les deux hommes se connaissent depuis des années, et les deux pays ont des intérêts à la fois bi et multilatéraux en commun. S'ensuivra ensuite le déplacement du chef de l'Etat en Allemagne, sur invitation de la chancelière Angela Merkel, où se tiendra du 6 au 8 juin le Sommet du G8 d'Heiligendamm. Si le voyage du Président à Rostock a plus trait à l'Afrique, il s'agira également de son premier contact avec Nicolas Sarkozy en sa qualité de nouveau président français. Une rencontre “très attendue” et qui suscite de grandes interrogations de part et d'autre par rapport à certains dossiers encore en suspens. D'un côté, le désir de Nicolas Sarkozy d'initier une Union de la Méditerranée et pour laquelle l'appui d'Alger serait incontournable. De l'autre, la nature des relations bilatérales, passionnelles depuis des années, mais tout aussi incontournables, qui sont en butte aux positions affichées. Chacun attendant un partenariat stratégique avec des nuances propres à chaque pays. Alger exige un devoir de mémoire comme préalable à un traité d'amitié qui renforcerait encore plus les relations bilatérales. Paris, du moins selon le candidat Sarkozy durant sa campagne électorale, ne veut pas d'un traité d'amitié, encore moins d'une repentance. Les deux capitales estimant également que le pragmatisme doit primer pour le reste, notamment dans le cadre des relations économiques. Cette rencontre, avec tout ce qu'elle charrie comme expectative, serait le prélude peut-être d'un voyage du président français au Maghreb, avec une escale à Alger, que certains ont annoncé pour le courant du mois de juillet. Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad est également annoncé à Alger courant juillet. Cette visite qui suit celle effectuée par le ministre des Affaires étrangères iranien avant-hier, est peut-être le signe d'un renouveau dans les relations bilatérales marquées par quelques soubresauts. La dernière visite programmée du président iranien à Alger, une escale technique, avait été annulée à la dernière minute en janvier dernier. Avec pour raison supposée le dossier du nucléaire iranien. L'Iran, en butte à l'hostilité internationale sur son programme nucléaire, cherche le soutien de l'Algérie pour qui l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire est un droit consacré et qu'elle défend sur la scène internationale. D'un autre côté, on évoque entre-temps à Alger un voyage présidentiel aux Etats-Unis, le premier depuis le Sommet du G8 et l'Assemblée générale des Nations unies. Cette visite interviendrait dans le cadre des relations bilatérales algéro-américaines qui ont connu quelques zones de turbulences ces derniers mois. Ces tensions se sont soldées par la convocation du chargé d'affaires américain par le MAE et les vives protestations d'Alger. Depuis, la tension s'est aplanie à l'ombre d'un partenariat que les deux capitales qualifient de stratégique, notamment pour son volet relatif à la coopération dans le cadre de la lutte globale contre le terrorisme. On annonce également l'arrivée de Hosni Moubarak, le président égyptien également durant le mois de juin. Le voyage de Moubarak à Alger serait le prélude à d'intenses tractations, notamment concernant les investissements égyptiens en Algérie et à la lutte antiterroriste. Les dossiers de l'UMA et de l'UA ainsi que la crise au Darfour seront probablement au centre des discussions entre les deux présidents. Pour le moins, les prochaines semaines s'annoncent chargées au plan diplomatique. Les activités présidentielles, notamment dans le cadre diplomatique, sont devenues le baromètre éphémère d'un état de santé que les rumeurs et la vox populi font évoluer ou régresser à longueur de journée depuis des semaines, des mois. Samar Smati