Responsabilité n Bernard Kouchner est-il pour quelque chose dans la dégradation des relations algéro-françaises ? Même s'il n'est pas directement montré du doigt, les critiques à son égard ne manquent pas du côté d'Alger. A sa nomination à la tête du département des Affaires étrangères déjà, Kouchner avait suscité bien des inquiétudes auprès des officiels algériens. Connaissant parfaitement son idéologie basée sur le fameux principe de l'ingérence humanitaire et ses précédentes prises de position à l'égard de l'Algérie, notamment après l'arrêt du processus électoral en janvier 1992, ceux-ci ne s'étaient pas empêchés d'exprimer leurs craintes de voir les relations algéro-françaises en pâtir. «C'est une très mauvaise nouvelle pour l'Algérie en particulier et le monde arabe en général», avaient-ils souligné, non sans rappeler que Kouchner était l'un des rares hommes politiques français à soutenir la décision prise par Washington et ses alliés d'envahir l'Irak. Se sachant attendu au tournant, le chef de la diplomatie française a adopté au départ une stratégie consistant à éviter d'évoquer tout ce qui peut fâcher l'Algérie. Cela ne lui a pas pour autant épargné les critiques. Pour beaucoup, Kouchner n'a rien fait pour améliorer la qualité des relations algéro-françaises. Contrairement à Sarkozy qui avait noué de bons rapports avec le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Yazid Zerhouni, quand il était en poste à la Place-Beauvau, le «Docteur» n'a pas jugé utile de se rapprocher de son homologue algérien pour trouver les voies et moyens de promouvoir le partenariat entre les deux pays, notamment sur le plan économique. Une erreur de stratégie qui a pour origine les «mauvais choix» de Kouchner quand il a procédé à la composition de son cabinet, selon les observateurs. Il s'est entouré de gens «inexpérimentés» pour les uns, et «ne connaissant pas bien l'Algérie et la nature sensible de la relation qu'elle entretient avec la France» pour les autres. Autre reproche fait au chef de la diplomatie française : sa mauvaise gestion du dossier de la circulation des personnes entre les deux pays. C'est vrai que cette question relève aussi des prérogatives du Président français. C'est vrai aussi que la France a revu à la hausse le nombre de visas accordés aux Algériens. Toujours est-il qu'Alger est loin d'être satisfaite. Et elle l'a fait savoir à plusieurs reprises par la voix de Medelci. Enfin, la dernière déclaration de Kouchner au sujet de l'avenir des relations algéro-françaises frisait tout simplement la provocation. En affirmant dans les colonnes du Journal du Dimanche (JDD) que la génération de l'Indépendance algérienne «est encore au pouvoir, après elle, ce sera peut-être plus simple», le ministre français des Affaires étrangères «a dépassé toutes les limites», a-t-on jugé à Alger.