Réalité n Il est clair que nous vivons dans un monde qui va vite, très vite et qui ne laisse aucune place à l'improvisation ou au hasard. Les sciences médicales et les maladies, elles, évoluent tout aussi rapidement. Il y a vingt ou trente ans, par exemple, on ignorait qu'on aurait affaire un jour à un virus, celui du sida, capable de tuer des millions d'individus dans le monde en quelques années sans que l'on puisse arrêter sa progression. On ignorait bien sûr qu'une maladie foudroyante pouvait venir des poules, des porcs ou même des vaches. Personne ne pouvait l'imaginer. La grippe aviaire, porcine et la vache folle sont des maladies à l'évidence nouvelles. Il a donc fallu aux spécialistes s'adapter, se remettre à niveau en fonction de ces phénomènes qu'ils n'ont pas étudiés en fac. Cela signifie aussi – et c'est dans l'ordre des choses – que de nouvelles formes de maladies, absolument inconnues aujourd'hui, apparaîtront demain. Cela signifie enfin que les médecins ne devront plus considérer leurs connaissances comme acquises et qu'ils devront, au contraire, se remettre perpétuellement en question. Stages, colloques, conférences, tout est bon pour être au courant des derniers développements en matière de techniques et de sciences fondamentales. Cela empêcherait-il pour autant les erreurs ? Bien sûr que non, surtout qu'elles sont partagées dans la plupart des cas avec des paramédicaux qui, eux, sont plus près des malades comme les infirmiers par exemple ou les infirmières. En fait, les responsabilités sont diluées puisque de nombreuses erreurs sont dues à des mauvaises manipulations du médecin ou du personnel du service. Quelques exemples surmédiatisés donneront certainement une idée de la dimension de ces «dérives». Rappelez-vous le drame des huit nourrissons de Tighennif, il y a quelques années. A cause d'une solution qu'on a mise en cause à l'époque, huit nourrissons, piqués par seringue, ont trouvé la mort. Apparemment les médecins en charge de l'unité sanitaire n'avaient aucune responsabilité directe dans cette tragédie qui a traumatisé une région tout entière. Rappelez-vous la contamination des enfants libyens au virus du sida et pour laquelle des infirmières bulgares ont passé plusieurs années en prison. Dans cette douloureuse affaire qui a été internationalisée et qui est devenue éminemment politique, on a presque oublié les victimes – apparemment plus de cent – et surtout l'erreur médicale elle-même, qu'elle vienne des infirmières ou des Libyens et on a beaucoup plus pensé à la réparation. Il existe néanmoins un code en médecine qui permet non pas d'éviter les erreurs, toutes les erreurs, mais au moins de les contourner quand cela est possible. Il s'appelle éthique et déontologie, c'est-à-dire en gros la prudence et la circonspection dans tout ce que l'on entreprend. Et en matière de santé c'est de l'or.